Sans trace - CHAPITRE 15
Chapitre 15
Dimanche 12 octobre
Je me suis réveillée trop tôt ce matin. À six heures trente, je me suis levée pour aller aux toilettes. Je suis retournée me coucher, mais je n’ai pas réussi à me rendormir. Deux heures plus tard, j’en ai assez. Je me lève.
Quand j’arrive en bas, je tombe sur mon père qui boit un café à l'îlot de la cuisine. Il est plongé sur sa tablette, probablement en train de lire la presse.
- Allô, dis-je sur un ton fatigué.
- Bon matin, Lizou.
- Je peux me prendre un café, moi aussi?
- Oui, mais je trouverais ça dommage de te voir tomber accro à la caféine seulement à quinze ans, m’averti-t-il, un clin d'œil dans la voix.
- Je ne serai pas accro, t’en fais pas.
J’installe une tasse en-dessous de la machine et fais couler cette douce boisson chaude à l'odeur divine.
- Ta mère est malade, ce matin, m’informe-t-il d’emblée. Elle est restée couchée, elle a vraiment mal à la tête.
- Pas étonnant.
C’était dit sans méchanceté. Même si voir ma mère dans un tel état de vulnérabilité m’a chamboulée, je ne lui en veux pas.
Je prends ma tasse puis remonte dans ma chambre pour étudier mes mathématiques. Je tiens à profiter de ma longue matinée pour me préparer à mon examen. Il est demain, d’ailleurs. J’espère que je serai prête.
Après deux heures d’études, j’ai le cerveau en bouillie. Je déteste les documents de révisions que nous donne Joséphine. C’est ennuyant et difficile.
En sortant de ma chambre pour m’aérer la tête, je remarque que la porte de ma mère est entrouverte. Ce qui me laisse voir qu’il fait complètement noir dans sa chambre.
- Liz? me souffle-t-elle faiblement de son lit.
- Oui? dis-je en m’approchant de l'ouverture.
- Tout va bien?
- Oui. Pourquoi?
- Pour savoir. Tu veux bien venir, s’il-te-plait?
Je tasse la porte et m’approche du lit. J'aperçois ma mère, couchée dans la pénombre. Quand j’étais petite et que j’étais malade, elle me laissait dormir dans son lit. Elle se couchait à mes côtés pour me rassurer. Aujourd'hui, c'est elle qui est malade. En souvenir de cette vieille époque, je m’allonge à côté d’elle avant de lui demander :
- Qu’est-ce qui se passe? Est-ce que ça va?
- Oui, oui, ça va, chuchote-t-elle. J’ai encore mal à la tête mais je vais mieux que ce matin. Je voulais m'excuser pour hier. Je t’avoue que je ne me souviens pas de tout, mais j’ai dépassé les bornes.
- Ben non, maman. C’est pas grave.
Je distingue un sourire malgré la noirceur de la chambre.
- Tu es gentille, poussin, mais je sais que je n’ai pas été facile hier et je n’avais pas à vous faire endurer ça.
Je comprends que la situation est difficile pour elle. Probablement plus que pour moi, alors je ne peux pas lui en vouloir.
Devant mon silence, elle se contente de prendre ma main, et de flatter mes doigts avec son pouce.
- Qu’est-ce que tu fais aujourd’hui? s’informe-t-elle.
- J’étudie pour mon examen de demain.
- C’est bien, je suis fière de toi.
- Merci. Bon, je te laisse te reposer, dis-je en débarquant du lit.
- D’accord. Bonne nuit, blague-t-elle malgré sa fatigue.
Je lui accorde un dernier sourire avant de quitter la chambre.
En arrivant au bas des escaliers, j'aperçois Maverick, son appareil photo au coup, qui met son manteau dans l’entrée.
- Où tu vas?
- Chez Killian.
- Vous allez faire quoi?
Il hausse les épaules.
- Il m’a juste invité à venir, comme ça.
- Steph sera là?
- Non, il a dit qu’elle était chez une amie.
Stéphanie n’est pas à la maison! Ressent-elle aussi le besoin de fuir le quotidien afin d’éviter les pensées tortueuses?
- Je peux venir?
- Ben oui. Je ne vois pas pourquoi il ne voudrait pas.
- Okay, cool! Je vais chercher mes affaires pis je suis prête.
Je monte à toute vitesse à l’étage pour ramasser quelques petites choses. Je suis contente de retourner chez tante Josée. J’y suis bien mieux. L'ambiance familiale est moins pesante. Selon moi, en tout cas.
Je redescends rejoindre mon frère dans l’entrée avec mon sac.
- T’es allée chercher quoi, coudonc?
- Une deuxième paire de bas, un livre, un chandail au cas où j’aurais froid, mon portefeuille, mon manuel de math pour si j’ai le temps d'étudier parce que mon examen est demain…
- T’es au courant qu’on ne va pas y passer la nuit?
- Ha ! ha ! Très drôle. J’aime être bien équipée. Ça me sécurise. Alors, on y va à pied? dis-je enthousiaste devant l’idée de prendre une grande marche
- Ark non, c’est papa qui…
- Je suis prêt, annonce papa en débarquant dans l’entrée.
Encore papa comme chauffeur!
- Coudonc. Tu dois être tanné de jouer les taxis.
- Bien sûr que non, dit-il en ramassant ses clés. Ça me fait plaisir.
- Tu es gentille, poussin, mais je sais que je n’ai pas été facile hier et je n’avais pas à vous faire endurer ça.
Je comprends que la situation est difficile pour elle. Probablement plus que pour moi, alors je ne peux pas lui en vouloir.
Devant mon silence, elle se contente de prendre ma main, et de flatter mes doigts avec son pouce.
- Qu’est-ce que tu fais aujourd’hui? s’informe-t-elle.
- J’étudie pour mon examen de demain.
- C’est bien, je suis fière de toi.
- Merci. Bon, je te laisse te reposer, dis-je en débarquant du lit.
- D’accord. Bonne nuit, blague-t-elle malgré sa fatigue.
Je lui accorde un dernier sourire avant de quitter la chambre.
En arrivant au bas des escaliers, j'aperçois Maverick, son appareil photo au coup, qui met son manteau dans l’entrée.
- Où tu vas?
- Chez Killian.
- Vous allez faire quoi?
Il hausse les épaules.
- Il m’a juste invité à venir, comme ça.
- Steph sera là?
- Non, il a dit qu’elle était chez une amie.
Stéphanie n’est pas à la maison! Ressent-elle aussi le besoin de fuir le quotidien afin d’éviter les pensées tortueuses?
- Je peux venir?
- Ben oui. Je ne vois pas pourquoi il ne voudrait pas.
- Okay, cool! Je vais chercher mes affaires pis je suis prête.
Je monte à toute vitesse à l’étage pour ramasser quelques petites choses. Je suis contente de retourner chez tante Josée. J’y suis bien mieux. L'ambiance familiale est moins pesante. Selon moi, en tout cas.
Je redescends rejoindre mon frère dans l’entrée avec mon sac.
- T’es allée chercher quoi, coudonc?
- Une deuxième paire de bas, un livre, un chandail au cas où j’aurais froid, mon portefeuille, mon manuel de math pour si j’ai le temps d'étudier parce que mon examen est demain…
- T’es au courant qu’on ne va pas y passer la nuit?
- Ha ! ha ! Très drôle. J’aime être bien équipée. Ça me sécurise. Alors, on y va à pied? dis-je enthousiaste devant l’idée de prendre une grande marche
- Ark non, c’est papa qui…
- Je suis prêt, annonce papa en débarquant dans l’entrée.
Encore papa comme chauffeur!
- Coudonc. Tu dois être tanné de jouer les taxis.
- Bien sûr que non, dit-il en ramassant ses clés. Ça me fait plaisir.
Ça lui fait plaisir parce que ça lui permet de garder un œil sur nous. Sinon, il aurait bien trop peur qu’on disparaisse.
J’essaie de cacher ma mauvaise foi et j’embarque dans sa voiture. Maverick s’assoit sur le siège passager et moi sur la banquette arrière. Le trajet se fait en silence.
- Je reviens vous chercher à quelle heure? nous demande papa lorsqu’il arrive dans la cours de tante Josée.
- Hum, avant souper?
Maverick me consulte du regard.
- Oui, confirmé-je. Avant souper, c’est bon.
- Merci papa, ajoute mon frère lorsqu’on débarque de la voiture.
On marche vers la porte tandis que la voiture de notre père fait demi-tour. Une fois qu’elle est sortie de notre champ de vision, je prends une voix ridicule pour imiter mon frère.
- « Merci papa ». Pff, on lui a rien demandé. On peut se lifter tout seul.
- Se lifter à pied? se moque-t-il.
- T’as compris ce que je voulais dire. Il n’a pas à nous surveiller tout le temps. Est-ce qu’il va nous accompagner jusqu'aux toilettes, aussi?
- Il est inquiet, c’est normal.
- On est en plein jour, en plus. C’est débile.
- Voyons Liz, fait-il lorsqu'on arrive devant la porte. C’est pas grave. Il est loin d’être aussi contrôlant. Il nous lift et en plus, ça nous évite de marcher quarante minutes.
- On le sait bien. Toi tu détestes marcher.
Alors que moi, j’adore marcher. J’en ai besoin, ça me détend. En puis, on voit bien que ce n’est pas lui qui s’est fait ramasser par papa pour avoir seulement pris une marche en ville.
Killian nous ouvre la porte.
- Oh salut Liz! fait-il en me voyant. C’est cool que tu sois là aussi!
Il se retourne et se dirige directement au sous-sol, nous invitant de manière non verbale à le suivre. Nous nous installons sur le divan, comme hier. J’aurai passé la fin de semaine dans cette maison. Ça me fait plaisir.
- Qu’est-ce que tu faisais aujourd’hui, demandé-je à mon cousin.
- Pas mal rien, dit-il en s’échouant sur le divan. C’est une journée assez morose. Je ne travaille pas, Steph est chez son amie, ma mère fait des commissions, je crois… et mon père est à une rencontre quelqu’un. Bref, je glandais seul à la maison.
- C’était pareil pour nous, intervient Maverick.
- Ouais, confirmé-je. Je m’emmerdais avec mes études. Il fallait que je sorte.
- Moi j’étais incapable de faire quoi que ce soit.
- On est pathétiques, hein? blagué-je.
- Pas mal.
- Alors je vous ai sauvés? lance Killian.
- Mais tellement!!! J’aime bien mieux être ici avec vous deux que seule dans ma chambre.
J’essaie de cacher ma mauvaise foi et j’embarque dans sa voiture. Maverick s’assoit sur le siège passager et moi sur la banquette arrière. Le trajet se fait en silence.
- Je reviens vous chercher à quelle heure? nous demande papa lorsqu’il arrive dans la cours de tante Josée.
- Hum, avant souper?
Maverick me consulte du regard.
- Oui, confirmé-je. Avant souper, c’est bon.
- Merci papa, ajoute mon frère lorsqu’on débarque de la voiture.
On marche vers la porte tandis que la voiture de notre père fait demi-tour. Une fois qu’elle est sortie de notre champ de vision, je prends une voix ridicule pour imiter mon frère.
- « Merci papa ». Pff, on lui a rien demandé. On peut se lifter tout seul.
- Se lifter à pied? se moque-t-il.
- T’as compris ce que je voulais dire. Il n’a pas à nous surveiller tout le temps. Est-ce qu’il va nous accompagner jusqu'aux toilettes, aussi?
- Il est inquiet, c’est normal.
- On est en plein jour, en plus. C’est débile.
- Voyons Liz, fait-il lorsqu'on arrive devant la porte. C’est pas grave. Il est loin d’être aussi contrôlant. Il nous lift et en plus, ça nous évite de marcher quarante minutes.
- On le sait bien. Toi tu détestes marcher.
Alors que moi, j’adore marcher. J’en ai besoin, ça me détend. En puis, on voit bien que ce n’est pas lui qui s’est fait ramasser par papa pour avoir seulement pris une marche en ville.
Killian nous ouvre la porte.
- Oh salut Liz! fait-il en me voyant. C’est cool que tu sois là aussi!
Il se retourne et se dirige directement au sous-sol, nous invitant de manière non verbale à le suivre. Nous nous installons sur le divan, comme hier. J’aurai passé la fin de semaine dans cette maison. Ça me fait plaisir.
- Qu’est-ce que tu faisais aujourd’hui, demandé-je à mon cousin.
- Pas mal rien, dit-il en s’échouant sur le divan. C’est une journée assez morose. Je ne travaille pas, Steph est chez son amie, ma mère fait des commissions, je crois… et mon père est à une rencontre quelqu’un. Bref, je glandais seul à la maison.
- C’était pareil pour nous, intervient Maverick.
- Ouais, confirmé-je. Je m’emmerdais avec mes études. Il fallait que je sorte.
- Moi j’étais incapable de faire quoi que ce soit.
- On est pathétiques, hein? blagué-je.
- Pas mal.
- Alors je vous ai sauvés? lance Killian.
- Mais tellement!!! J’aime bien mieux être ici avec vous deux que seule dans ma chambre.
- Vous voulez quelque chose à boire ou à manger? nous propose-t-il.
- Avec plaisir. Qu'est-ce que tu as?
- Venez en haut, on va voir ça.
On le suit jusqu’au rez-de-chaussée. Killian ouvre presque toutes les portes d’armoires qui se trouvent dans la cuisine.
- On a des craquelins, des goldfish, des céréales…
Il referme les portes pour ouvrir celle du réfrigérateur, et continue son énumération.
- On a des raisins, du 7up, pepsi, jus d’orange…
- Je vois qu’il vous reste du vin blanc d’hier, remarque Mavercik en pointant le vinier.
- Oui, vous en voulez?
L’idée de boire ce vin me fait un peu peur. Quand je pense à quel point ç'a rendu maman dépressive hier soir…
- Ben oui, certain!
Bon, Maverick n’a pas l’air aussi traumatisé que moi. Il faut dire qu'il est plus habitué à boire, aussi.
- Liz?
- Euh… okay oui. S’il-te-plait.
Je peux bien y goûter. Le rosé d’hier était quand même bon, après tout.
Killian nous sort trois petites coupes de vin et les remplit une à la fois. Je goûte à mon verre. Ce n’est pas super bon, mais je vais me forcer.
Nous redescendons avec nos petites coupes de vin. Une fois assise, je prends une deuxième gorgée. Elle est moins pire que la première. Je crois que c’est une question d’habitude.
Mon regard tombe sur la petite fenêtre du sous-sol. Des fleurs obstruent le peu de paysage auquel la fenêtre donne accès. Mais on en voit assez pour savoir qu’il fait gris et nuageux.
- Comment va Kristelle aujourd’hui? nous demande Killian.
Un échange de regards se produit entre mon frère et moi. Je vois dans ses yeux qu’il a pitié de notre mère, lui aussi.
- Elle ne va pas très bien, répond-t-il. Elle était encore couchée quand on est partis.
- J’ai l’impression que ce n’est pas juste l’alcool qui l’a rendue malade, ajouté-je. Un moment donné, avec le stress…
- J’avoue, fait tristement Killian. Mélanger l’alcool avec nos problèmes, c’est jamais un bon mixte. Je connais ça. Un moment donné, je feelais pas pis je m'étais pété une cuite.
- Qu’est-ce que tu avais? lui demandé-je.
- Peine d’amour, déclare-t-il. C’était quand Félixe m’avait laissé.
- Ah oui! fait Maverick. Je me rappelle de celle-là. Je ne l’ai jamais aimée.
- En plus elle a un nom tellement débile, ajouté-je. C’est quoi l’idée d'appeler sa fille Félixe?
- En tout cas, poursuit Killian après avoir ri, j’étais tellement paqueté que je suis tombé dans les buissons du voisin pis je me suis endormi là.
- Oh non! rigole Maverick en prenant une gorgée de vin. J’aurais voulu voir ça.
- Franchement Maverick, le disputé-je gentiment. C’est pas drôle.
- Non non, c’était quand même drôle. Disons que ça m’a rappelé des souvenirs d’enfance.
- Hein? Comment ç’a pu te rappeler des souvenirs d’enfance?
Il se met à rire avant d'éclaircir sa pensée.
- C'est parce que, quand on était petits, j’arrêtais pas de pousser Stéphanie dans ces buissons.
- Quoi?! ris-je. C’est dont ben méchant.
- Pas du tout. C’est elle qui me le demandait. Elle aimait le feeling. Elle disait que c’était comme tomber dans un nuage.
L’absurdité de l’anecdote me fait rire davantage. J’imagine une petite Stéphanie se faire pousser dans des buissons par Killian. C’est trop drôle.
Au fil de la discussion, je bois des petites et des grosses gorgées sans vraiment m’en rendre compte. Siroter ce verre me donne quelque chose à faire de mes mains. Je m’habitue de plus en plus au gout du vin blanc.
- Le voisin a-t-il fini par vous pogner un moment donné? demande Maverick en avalant sa dernière gorgée.
- À la longue, oui. Hey, j’ai pu de vin. On va s’en chercher d'autre?
- Oui! répondons-nous en coeur.
On retourne à l’étage remplir nos verres et redescendons poursuivre notre conversation comme si on l’avait mise sur pause.
- Il a dit quoi, le voisin?
- Il nous a crié après, s’esclaffe-t-il.
- Et quand tu étais saoul et que t’es tombé dedans, il t’avait vu?
- Non! Mon dieu, heureusement, haha!
- On n’a malheureusement pas d’histoires intéressantes avec nos voisins, nous.
- C’est pas vrai, me contredit Maverick. Quand j’étais petit, j’avais joué dans les cèdres et j’avais vu notre voisine frencher une fille dans sa piscine. Ça m’avait fait rire sur un moyen temps.
- T’es ben épais! Comment ç’a pu te faire rire? C’est de l’amour, c’est tout.
- Oui mais j’étais enfant et immature. Maintenant, des lesbiennes, ça ne me fait plus rire. Ça m’excite.
- Ah t’es con! dis-je en lui lançant un coussin.
Je prends une gorgée de vin avant d’ajouter :
- Comme ça, notre voisine est lesbienne?
- Ben non, techniquement. Ce n’est plus elle qui habite là, elle a déménagé.
- Dommage, lance Killian à la blague.
On poursuit notre discussion en callant nos verres. C’est alors que Maverick s’écrit en agitant le sien :
- On va se rechercher du vin?
- Ouiiii!
On refait notre trajet à une telle vitesse. Je cours si vite en redescendant les marches que je manque d'échapper mon vin.
- Attention Liz! s’écrit Killian. Si ma mère voit que tu as mis du vin partout elle va me tuer.
- Elle va tuer Killer Killian? dis-je faussement scandalisée. Killer Killian, c’est pourtant un tueur.
- Je suis un tueur! confirme-t-il sur le même ton.
- T’es pas un tueur, fait Maverick. T’es juste un joueur de soccer raté.
- Pardon?
J’éclate de rire.
- Pis toi avec des airs de p’tit photographe. Tu te crois important?
- Je ne me crois pas important. Je SUIS important.
Il installe sur appareil puis se met à prendre Killian en photos.
- Arrête ça, rigole Killian en se cachant avec ses mains.
- Voyons t'es super beau, l’agace Maverick. Laisse-toi faire.
- Je sais que je suis beau.
- Une photo, Liz?
- Certainement, dis-je en prenant la pose.
Je lui fais toutes les mimiques inimaginables devant l’objectif. Je prends même ma coupe pour avoir l’air d’une vraie soulonne.
- Je vais mettre de la musique, s’écrit Killian.
C’est alors qu'une vieille chanson puck jaillit de son haut-parleur.
- Oh non, pas ça, blagué-je.
- Oh my god, les souvenirs! s'extasie mon frère.
Quand ils étaient petits, Killian et Maverick écoutaient tout le temps de la musique de emo. Les groupes punk des années 2000 se faisaient très souvent entendre. Les voilà retombés en enfance. Maverick prend des photos pendant que Killian joue au guitariste.
- Until the day I die, I’ll spill my heart for youuu!
Même si ce n’est pas vraiment de la musique que j’aime, je connais ces chansons par cœur malgré moi, tellement mon frère les a écoutées. Je ne peux alors m'empêcher de chanter avec eux.
Tous les groupes y passent cet après-midi ; Story for The Year, 30 Seconds To Mars, Red Jumpsuit Apparatus… De temps à autre, on monte remplir nos coupes puis on redescend poursuivre notre petit party improvisé.
C'est étrange, mais je me sens vraiment bien, détendue. Est-ce l'alcool qui produit cet effet? Je ne peux pas dire que j'en ai bu au point de me saouler la gueule, mais c'est la première fois que je prends plusieurs verres de suite. Je dois être un peu réchauffée.
- Ma coupe est vide, déploré-je après avoir calé une énième dernière gorgée.
- Moi aussi! fait Killian.
Nous remontons au rez-de-chaussée. Mon cousin ouvre le réfrigérateur pour remplir sa coupe, mais le jet qui sort du vinier se fait de plus en plus faible.
- Il n’en reste plus? se scandalise Maverick.
- Presque. Attendez.
Killian s’empare de la boîte de carton pour en sortir la poche contenant le vin. Il arrive à vider le reste dans nos coupes.
- Voilà. Ce seront nos derniers verres.
- À nos derniers verres, dis-je en faisant un toast.
Nous cognons tous nos coupes avant de prendre une gorgée. En me retournant pour aller au sous-sol, j'aperçois des buissons par la porte patio. Ils se situent à la limite du terrain. On voit la maison voisine de l’autre côté. Ce doit être les buissons du voisin. Ceux dans lesquelles Killian poussait Stéphanie quand ils étaient petits. Je souris en m'imaginant la scène.
- Ce sont les buissons là-bas? demandé-je en pointant dehors.
- De quoi tu parles? interroge Maverick.
- Les fameux buissons du voisin.
- Oui, confirme Killian. C’est exactement eux.
- Je veux que tu m’y pousses!
- Quoi?
- Allez viens. C’est vrai qu’ils ont l’air moelleux.
Sans attendre sa réponse, je dépose ma coupe, puis je sors par la porte patio en courant vers les buissons. En arrivant devant ces derniers, je me retourne et constate avec joie que mon frère et mon cousin m’ont suivie.
- Pousse-moi! ordonné-je à Killian en fermant les yeux et en tendant les bras.
Aussitôt dit, je sens ses mains sur mes clavicules et la force de sa poussée me prend par surprise. Je suis violemment projetée dans les buissons.
- C’était dont ben intense! Tu voulais me tuer?
- Ben là, rigole-t-il. T’as quinze ans, pas cinq. Tu mérites la totale.
- Recommence, dis-je en me levant.
- Okay!
Il me repousse dans les buissons. Maverick éclate de rire.
- C’est vrai que c’est le fun! m’exclamé-je. J’adore l’effet que ça fait! Encore!
- Hey t’es gossante, fait mon frère.
- Tu vas pas l’essayer, toi aussi?
Je n’attends même pas qu’il me réponde, je le projette dans les buissons. Je me serais attendue à ce qu’il se fâche contre moi, mais contre toute attente, il éclate de rire. Mon grand frère rit. Un beau rire franc que je n’avais pas entendu depuis si longtemps. J’en ai le cœur qui va exploser d’amour à le voir aussi rayonnant. Ça me donne envie de rire davantage.
- Avec plaisir. Qu'est-ce que tu as?
- Venez en haut, on va voir ça.
On le suit jusqu’au rez-de-chaussée. Killian ouvre presque toutes les portes d’armoires qui se trouvent dans la cuisine.
- On a des craquelins, des goldfish, des céréales…
Il referme les portes pour ouvrir celle du réfrigérateur, et continue son énumération.
- On a des raisins, du 7up, pepsi, jus d’orange…
- Je vois qu’il vous reste du vin blanc d’hier, remarque Mavercik en pointant le vinier.
- Oui, vous en voulez?
L’idée de boire ce vin me fait un peu peur. Quand je pense à quel point ç'a rendu maman dépressive hier soir…
- Ben oui, certain!
Bon, Maverick n’a pas l’air aussi traumatisé que moi. Il faut dire qu'il est plus habitué à boire, aussi.
- Liz?
- Euh… okay oui. S’il-te-plait.
Je peux bien y goûter. Le rosé d’hier était quand même bon, après tout.
Killian nous sort trois petites coupes de vin et les remplit une à la fois. Je goûte à mon verre. Ce n’est pas super bon, mais je vais me forcer.
Nous redescendons avec nos petites coupes de vin. Une fois assise, je prends une deuxième gorgée. Elle est moins pire que la première. Je crois que c’est une question d’habitude.
Mon regard tombe sur la petite fenêtre du sous-sol. Des fleurs obstruent le peu de paysage auquel la fenêtre donne accès. Mais on en voit assez pour savoir qu’il fait gris et nuageux.
- Comment va Kristelle aujourd’hui? nous demande Killian.
Un échange de regards se produit entre mon frère et moi. Je vois dans ses yeux qu’il a pitié de notre mère, lui aussi.
- Elle ne va pas très bien, répond-t-il. Elle était encore couchée quand on est partis.
- J’ai l’impression que ce n’est pas juste l’alcool qui l’a rendue malade, ajouté-je. Un moment donné, avec le stress…
- J’avoue, fait tristement Killian. Mélanger l’alcool avec nos problèmes, c’est jamais un bon mixte. Je connais ça. Un moment donné, je feelais pas pis je m'étais pété une cuite.
- Qu’est-ce que tu avais? lui demandé-je.
- Peine d’amour, déclare-t-il. C’était quand Félixe m’avait laissé.
- Ah oui! fait Maverick. Je me rappelle de celle-là. Je ne l’ai jamais aimée.
- En plus elle a un nom tellement débile, ajouté-je. C’est quoi l’idée d'appeler sa fille Félixe?
- En tout cas, poursuit Killian après avoir ri, j’étais tellement paqueté que je suis tombé dans les buissons du voisin pis je me suis endormi là.
- Oh non! rigole Maverick en prenant une gorgée de vin. J’aurais voulu voir ça.
- Franchement Maverick, le disputé-je gentiment. C’est pas drôle.
- Non non, c’était quand même drôle. Disons que ça m’a rappelé des souvenirs d’enfance.
- Hein? Comment ç’a pu te rappeler des souvenirs d’enfance?
Il se met à rire avant d'éclaircir sa pensée.
- C'est parce que, quand on était petits, j’arrêtais pas de pousser Stéphanie dans ces buissons.
- Quoi?! ris-je. C’est dont ben méchant.
- Pas du tout. C’est elle qui me le demandait. Elle aimait le feeling. Elle disait que c’était comme tomber dans un nuage.
L’absurdité de l’anecdote me fait rire davantage. J’imagine une petite Stéphanie se faire pousser dans des buissons par Killian. C’est trop drôle.
Au fil de la discussion, je bois des petites et des grosses gorgées sans vraiment m’en rendre compte. Siroter ce verre me donne quelque chose à faire de mes mains. Je m’habitue de plus en plus au gout du vin blanc.
- Le voisin a-t-il fini par vous pogner un moment donné? demande Maverick en avalant sa dernière gorgée.
- À la longue, oui. Hey, j’ai pu de vin. On va s’en chercher d'autre?
- Oui! répondons-nous en coeur.
On retourne à l’étage remplir nos verres et redescendons poursuivre notre conversation comme si on l’avait mise sur pause.
- Il a dit quoi, le voisin?
- Il nous a crié après, s’esclaffe-t-il.
- Et quand tu étais saoul et que t’es tombé dedans, il t’avait vu?
- Non! Mon dieu, heureusement, haha!
- On n’a malheureusement pas d’histoires intéressantes avec nos voisins, nous.
- C’est pas vrai, me contredit Maverick. Quand j’étais petit, j’avais joué dans les cèdres et j’avais vu notre voisine frencher une fille dans sa piscine. Ça m’avait fait rire sur un moyen temps.
- T’es ben épais! Comment ç’a pu te faire rire? C’est de l’amour, c’est tout.
- Oui mais j’étais enfant et immature. Maintenant, des lesbiennes, ça ne me fait plus rire. Ça m’excite.
- Ah t’es con! dis-je en lui lançant un coussin.
Je prends une gorgée de vin avant d’ajouter :
- Comme ça, notre voisine est lesbienne?
- Ben non, techniquement. Ce n’est plus elle qui habite là, elle a déménagé.
- Dommage, lance Killian à la blague.
On poursuit notre discussion en callant nos verres. C’est alors que Maverick s’écrit en agitant le sien :
- On va se rechercher du vin?
- Ouiiii!
On refait notre trajet à une telle vitesse. Je cours si vite en redescendant les marches que je manque d'échapper mon vin.
- Attention Liz! s’écrit Killian. Si ma mère voit que tu as mis du vin partout elle va me tuer.
- Elle va tuer Killer Killian? dis-je faussement scandalisée. Killer Killian, c’est pourtant un tueur.
- Je suis un tueur! confirme-t-il sur le même ton.
- T’es pas un tueur, fait Maverick. T’es juste un joueur de soccer raté.
- Pardon?
J’éclate de rire.
- Pis toi avec des airs de p’tit photographe. Tu te crois important?
- Je ne me crois pas important. Je SUIS important.
Il installe sur appareil puis se met à prendre Killian en photos.
- Arrête ça, rigole Killian en se cachant avec ses mains.
- Voyons t'es super beau, l’agace Maverick. Laisse-toi faire.
- Je sais que je suis beau.
- Une photo, Liz?
- Certainement, dis-je en prenant la pose.
Je lui fais toutes les mimiques inimaginables devant l’objectif. Je prends même ma coupe pour avoir l’air d’une vraie soulonne.
- Je vais mettre de la musique, s’écrit Killian.
C’est alors qu'une vieille chanson puck jaillit de son haut-parleur.
- Oh non, pas ça, blagué-je.
- Oh my god, les souvenirs! s'extasie mon frère.
Quand ils étaient petits, Killian et Maverick écoutaient tout le temps de la musique de emo. Les groupes punk des années 2000 se faisaient très souvent entendre. Les voilà retombés en enfance. Maverick prend des photos pendant que Killian joue au guitariste.
- Until the day I die, I’ll spill my heart for youuu!
Même si ce n’est pas vraiment de la musique que j’aime, je connais ces chansons par cœur malgré moi, tellement mon frère les a écoutées. Je ne peux alors m'empêcher de chanter avec eux.
Tous les groupes y passent cet après-midi ; Story for The Year, 30 Seconds To Mars, Red Jumpsuit Apparatus… De temps à autre, on monte remplir nos coupes puis on redescend poursuivre notre petit party improvisé.
C'est étrange, mais je me sens vraiment bien, détendue. Est-ce l'alcool qui produit cet effet? Je ne peux pas dire que j'en ai bu au point de me saouler la gueule, mais c'est la première fois que je prends plusieurs verres de suite. Je dois être un peu réchauffée.
- Ma coupe est vide, déploré-je après avoir calé une énième dernière gorgée.
- Moi aussi! fait Killian.
Nous remontons au rez-de-chaussée. Mon cousin ouvre le réfrigérateur pour remplir sa coupe, mais le jet qui sort du vinier se fait de plus en plus faible.
- Il n’en reste plus? se scandalise Maverick.
- Presque. Attendez.
Killian s’empare de la boîte de carton pour en sortir la poche contenant le vin. Il arrive à vider le reste dans nos coupes.
- Voilà. Ce seront nos derniers verres.
- À nos derniers verres, dis-je en faisant un toast.
Nous cognons tous nos coupes avant de prendre une gorgée. En me retournant pour aller au sous-sol, j'aperçois des buissons par la porte patio. Ils se situent à la limite du terrain. On voit la maison voisine de l’autre côté. Ce doit être les buissons du voisin. Ceux dans lesquelles Killian poussait Stéphanie quand ils étaient petits. Je souris en m'imaginant la scène.
- Ce sont les buissons là-bas? demandé-je en pointant dehors.
- De quoi tu parles? interroge Maverick.
- Les fameux buissons du voisin.
- Oui, confirme Killian. C’est exactement eux.
- Je veux que tu m’y pousses!
- Quoi?
- Allez viens. C’est vrai qu’ils ont l’air moelleux.
Sans attendre sa réponse, je dépose ma coupe, puis je sors par la porte patio en courant vers les buissons. En arrivant devant ces derniers, je me retourne et constate avec joie que mon frère et mon cousin m’ont suivie.
- Pousse-moi! ordonné-je à Killian en fermant les yeux et en tendant les bras.
Aussitôt dit, je sens ses mains sur mes clavicules et la force de sa poussée me prend par surprise. Je suis violemment projetée dans les buissons.
- C’était dont ben intense! Tu voulais me tuer?
- Ben là, rigole-t-il. T’as quinze ans, pas cinq. Tu mérites la totale.
- Recommence, dis-je en me levant.
- Okay!
Il me repousse dans les buissons. Maverick éclate de rire.
- C’est vrai que c’est le fun! m’exclamé-je. J’adore l’effet que ça fait! Encore!
- Hey t’es gossante, fait mon frère.
- Tu vas pas l’essayer, toi aussi?
Je n’attends même pas qu’il me réponde, je le projette dans les buissons. Je me serais attendue à ce qu’il se fâche contre moi, mais contre toute attente, il éclate de rire. Mon grand frère rit. Un beau rire franc que je n’avais pas entendu depuis si longtemps. J’en ai le cœur qui va exploser d’amour à le voir aussi rayonnant. Ça me donne envie de rire davantage.
- On est tellement ridicules, s’exclame-t-il les larmes aux yeux.
Killian me rejette dans le buisson. Je me laisse tomber. Comme dirait Stéphanie, je me sens sur un nuage.
- C’est le fun mais il faudrait peut-être arrêter avant que le voisin nous voie, nous avertit Killian en riant.
- J’avoue, dis-je.
Avant d'atteindre la porte, j'aperçois la voiture de mon père de l’autre côté de la maison.
- Papa vient déjà nous chercher? demandé-je à Maverick.
- Hein?
Il regarde vers la rue puis voit la voiture.
- Ah ben oui, il est là. Je vais l’avertir qu’on s'en vient dans pas long.
Maverick part vers l’avant de la maison. Moi, j’entre avec Killian. Je regarde presqu’avec regret ma dernière coupe de vin qui m’attendait sur le comptoir.
- Tu vas finir mon verre à ma place?
- Non, non, rit-il. Je vais le jeter.
- Ben là, c’est du gaspillage, m'insurgé-je.
- Tu veux que je te le mette dans un tupperware? se moque-t-il.
- Pourquoi pas?
Il me regarde, à la fois moqueur et incrédule, puis finit par jeter le surplus de vin. Quand je vois de la nourriture ou de la boisson être gaspillée, peu importe la quantité, chaque fois, ça me fait mal. J’essaie de piler sur la sensibilité cette fois. Ce n’est pas la fin du monde après tout.
Je descends au sous-sol ramasser mon sac et l’appareil photo de Maverick. Quand je remonte, je tombe sur mon frère qui entre dans la maison.
- Il nous attend dans l’auto.
- J’ai toutes nos affaires, l'informé-je avec mon sac sur le dos en lui tendant son appareil.
- Comment t’as pu toucher à mon appareil espèce de folle? blague-t-il.
Je pouffe de rire.
- Oh my god relaxe. Ha ! ha !
Tout en m’accordant un regard complice, il prend son appareil et le met autour de coup. Killian vient nous rejoindre dans l’entrée.
- C’était vraiment le fun. On se refait ça bientôt.
- Oui!
- Merci de l’invitation, ajouté-je.
- Toi, je t’ai même pas invitée, m’attaque-t-il sur un ton faussement offusqué.
Je me remets à rire.
- J’aime squatter la maison des gens, répliqué-je.
Nous rigolons tous une dernière fois puis mon frère et moi partons de la maison. On se dirige vers la voiture de notre père qui nous attend, stationnée dans la rue.
- Là c’est moi qui s'assois en avant, le poussé-je.
- Non! Les petites sœurs n’ont pas de droit là-dessus.
Il me repousse puis s’installe sur le siège passager.
- Si c’est comme ça, je m'assois sur toi.
Avant qu’il ne puisse refermer la portière, je m’assois sur ses genoux. La situation nous fait éclater de rire. Je ne saurais dire si Maverick s’étouffe sous la pression de mon poids ou par son propre rire.
- Liz! intervient papa. Arrête ça. Va t'asseoir en arrière.
- Pourquoi? dis-je les larmes aux yeux. On est bien comme ça. Tu peux démarrer.
Maverick ne respire plus tellement il rit. Mais notre père n’est pas sur la même longueur d’onde que nous.
- Je suis sérieux. Lâche ton frère et va t'asseoir en arrière.
Quel rabat joie. J’agrippe mon sac et je vais m’installer derrière Maverick.
- Vous avez passé un bel après-midi à ce que je vois, constate-t-il.
- Vraiment! certifié-je.
- Qu’est-ce que vous avez fait?
- On s’est fait du fun dans le sous-sol. On a parlé, dansé…
J'évite de mentionner le vin qu’on a bu. De toute façon, on a rien fait de mal. On n'en a pas abusé.
- Killian a ressorti de la musique qu’on écoutait quand on était enfants, ajoute Maverick. Ça nous a tellement rappelé de bons souvenirs. Maudit qu’on les aimait ces groupes-là. C’était vraiment de la bonne musique.
- Bof, c’est pas de la si bonne musique, le contredis-je.
- T’es dont ben hypocrite, me dit-il en se retournant vers moi.
Un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres.
- T’as dansé, pis t’as même chanté, argumente-t-il.
- C'était l'euphorie du moment, me défendé-je. En temps normal, je déteste vos chansons d'emo.
- En tout cas, ça paraissait pas. Il faudrait que tu assumes qu’on a bon goût en matière de musique.
- Pff, jamais de la vie.
Il me sourit une dernière fois avant de replonger son regard sur la route devant lui.
Killian me rejette dans le buisson. Je me laisse tomber. Comme dirait Stéphanie, je me sens sur un nuage.
- C’est le fun mais il faudrait peut-être arrêter avant que le voisin nous voie, nous avertit Killian en riant.
- J’avoue, dis-je.
Avant d'atteindre la porte, j'aperçois la voiture de mon père de l’autre côté de la maison.
- Papa vient déjà nous chercher? demandé-je à Maverick.
- Hein?
Il regarde vers la rue puis voit la voiture.
- Ah ben oui, il est là. Je vais l’avertir qu’on s'en vient dans pas long.
Maverick part vers l’avant de la maison. Moi, j’entre avec Killian. Je regarde presqu’avec regret ma dernière coupe de vin qui m’attendait sur le comptoir.
- Tu vas finir mon verre à ma place?
- Non, non, rit-il. Je vais le jeter.
- Ben là, c’est du gaspillage, m'insurgé-je.
- Tu veux que je te le mette dans un tupperware? se moque-t-il.
- Pourquoi pas?
Il me regarde, à la fois moqueur et incrédule, puis finit par jeter le surplus de vin. Quand je vois de la nourriture ou de la boisson être gaspillée, peu importe la quantité, chaque fois, ça me fait mal. J’essaie de piler sur la sensibilité cette fois. Ce n’est pas la fin du monde après tout.
Je descends au sous-sol ramasser mon sac et l’appareil photo de Maverick. Quand je remonte, je tombe sur mon frère qui entre dans la maison.
- Il nous attend dans l’auto.
- J’ai toutes nos affaires, l'informé-je avec mon sac sur le dos en lui tendant son appareil.
- Comment t’as pu toucher à mon appareil espèce de folle? blague-t-il.
Je pouffe de rire.
- Oh my god relaxe. Ha ! ha !
Tout en m’accordant un regard complice, il prend son appareil et le met autour de coup. Killian vient nous rejoindre dans l’entrée.
- C’était vraiment le fun. On se refait ça bientôt.
- Oui!
- Merci de l’invitation, ajouté-je.
- Toi, je t’ai même pas invitée, m’attaque-t-il sur un ton faussement offusqué.
Je me remets à rire.
- J’aime squatter la maison des gens, répliqué-je.
Nous rigolons tous une dernière fois puis mon frère et moi partons de la maison. On se dirige vers la voiture de notre père qui nous attend, stationnée dans la rue.
- Là c’est moi qui s'assois en avant, le poussé-je.
- Non! Les petites sœurs n’ont pas de droit là-dessus.
Il me repousse puis s’installe sur le siège passager.
- Si c’est comme ça, je m'assois sur toi.
Avant qu’il ne puisse refermer la portière, je m’assois sur ses genoux. La situation nous fait éclater de rire. Je ne saurais dire si Maverick s’étouffe sous la pression de mon poids ou par son propre rire.
- Liz! intervient papa. Arrête ça. Va t'asseoir en arrière.
- Pourquoi? dis-je les larmes aux yeux. On est bien comme ça. Tu peux démarrer.
Maverick ne respire plus tellement il rit. Mais notre père n’est pas sur la même longueur d’onde que nous.
- Je suis sérieux. Lâche ton frère et va t'asseoir en arrière.
Quel rabat joie. J’agrippe mon sac et je vais m’installer derrière Maverick.
- Vous avez passé un bel après-midi à ce que je vois, constate-t-il.
- Vraiment! certifié-je.
- Qu’est-ce que vous avez fait?
- On s’est fait du fun dans le sous-sol. On a parlé, dansé…
J'évite de mentionner le vin qu’on a bu. De toute façon, on a rien fait de mal. On n'en a pas abusé.
- Killian a ressorti de la musique qu’on écoutait quand on était enfants, ajoute Maverick. Ça nous a tellement rappelé de bons souvenirs. Maudit qu’on les aimait ces groupes-là. C’était vraiment de la bonne musique.
- Bof, c’est pas de la si bonne musique, le contredis-je.
- T’es dont ben hypocrite, me dit-il en se retournant vers moi.
Un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres.
- T’as dansé, pis t’as même chanté, argumente-t-il.
- C'était l'euphorie du moment, me défendé-je. En temps normal, je déteste vos chansons d'emo.
- En tout cas, ça paraissait pas. Il faudrait que tu assumes qu’on a bon goût en matière de musique.
- Pff, jamais de la vie.
Il me sourit une dernière fois avant de replonger son regard sur la route devant lui.
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