Sans trace - CHAPITRE 4
Chapitre 4
Mon sac sur le dos, je refais le chemin vers le parc. Après quelques minutes de marche au sein de ma petite ville silencieuse, j’arrive enfin au parc. Je n’ai pas encore atteint le banc où nous nous étions installés que Maverick me lance :
- Il est où, Dan?
Un furtif sentiment de panique me traverse le corps. Je m’arrête de marcher subitement. Je remarque que Daniel n’est pas auprès de Maverick et de Nadia.
- Il n’est pas avec vous? leur demandé-je ne comprenant pas pourquoi Daniel n’est pas déjà de retour.
- Vous étiez ensemble.
- Il m’a dit qu’il allait vous rejoindre.
- Tu l’as laissé seul! s’emporte-il.
- Ben oui, répliqué-je un peu irritée par son ton. Il est capable de marcher seul quelques minutes.
- Ben, il n’est pas là. Pourquoi vous n’êtes pas resté ensemble?
- C’est toi qui l’as amené je te signale. Et si tu tenais tellement à surveiller ses moindres pas, tu n’avais qu’à le garder avec toi.
- Je suis sûre qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, nous interrompt Nadia pour nous calmer. Il ne doit pas être bien loin.
- Je vais à l’épicerie, lâche Maverick.
- Il n’y est pas. Il est parti avant moi.
- Je vais voir pareil. Il est forcément quelque part.
Nadia ne dit rien mais je lis dans ses yeux son inconfort.
Ne sachant pas quoi faire, je me mets à suivre machinalement mon frère qui se dirige d’un bon pas vers l’épicerie. Nadia me talonne.
- Daniel! l’appelle-t-il tout en marchant. Dan t’es où?
Tout en suivant mon frère, je ne peux m’empêcher de jeter des regards partout autour de moi espérant que Daniel apparaisse. Que ce soit de derrière un arbre, d’une maison, d’un magasin…
- Sibole Daniel, c’est pas drôle! crie-je dans aucune direction particulière.
Nous arrivons à l’épicerie qui est maintenant fermée. Il n’y a plus de voitures dans le stationnement. Et aucune trace de Daniel.
- On devrait peut-être retourner au parc? suggère Nadia. Il est peut-être en train de nous y attendre.
- Et pourquoi il aurait pris autant de temps à se rendre au parc? rétorque Maverick un peu trop sèchement à mon goût.
- Ça suffit, tranché-je. J’appelle papa et maman.
Ça décroche à la deuxième sonnerie.
- Allô ma chouette, répond la voix fatiguée de ma mère.
Je crois l'avoir dérangée au moment où elle s’apprêtait à s’endormir.
- Allô… euh…
Devant moi, Nadia et Maverick me dévisagent intensément. J’y lis la nervosité et l'inquiétude dans leurs yeux. Maverick me donne l’impression qu’il pourrait exploser à tout moment.
- Il y a quelque chose qui ne va pas? demande ma mère qui semble sentir mon malaise.
- On ne trouve plus Daniel, finis-je par lancer, voulant éviter de tourner autour du pot.
- Comment ça vous ne trouvez plus Daniel?
Mon pouls s'accélère. Qu'est-ce qu'ils vont dire de moi? C'est de ma faute? J’ai agi en irresponsable? On n’est pas capable de se promener en ville sans qu’il y ait un problème?
- Ben… On était au parc. Je suis allée à l’épicerie avec Daniel pour acheter les trucs que tu as demandés. Pendant que je payais, Daniel est parti rejoindre Nad et Maverick au parc. Et quand je suis arrivée, il n'était pas là. On vient de refaire le chemin inverse et on ne l'a pas vu. On a aucune idée où il est passé.
- Tu ne sais pas où il pourrait être?
- Non. Il aurait dû être au parc avec les autres.
- Et ça fait combien de temps?
Je ne suis pas certaine de comprendre sa question.
- Combien de temps de quoi?
- Il était quelle heure quand il est parti de l’épicerie?
- Euh… presque neuf heures. Parce que l’épicerie allait bientôt fermer.
Un silence s’installe entre nous. Elle doit réfléchir. Qu’est-ce qu'elle se dit? Est-elle en train de s'imaginer les pires scénarios possibles?
- Attends deux secondes Liz, finit-elle par me dire.
Je l’entends parler à mon père mais ses paroles n'atteignent pas le combiné. Ils discutent, mais je n'arrive pas à saisir ce qu’ils se disent.
Je stresse.
- Liz? fait ma mère après quelques secondes pour s’assurer que je suis toujours là.
- Oui?
- Vous êtes à l’épicerie?
- Oui, confirmé-je. Dans le stationnement.
- Parfait. Restez là. Il n’y a pas de risque à prendre, on appelle la police. On vient vous rejoindre tout de suite après.
Nadia ne dit rien mais je lis dans ses yeux son inconfort.
Ne sachant pas quoi faire, je me mets à suivre machinalement mon frère qui se dirige d’un bon pas vers l’épicerie. Nadia me talonne.
- Daniel! l’appelle-t-il tout en marchant. Dan t’es où?
Tout en suivant mon frère, je ne peux m’empêcher de jeter des regards partout autour de moi espérant que Daniel apparaisse. Que ce soit de derrière un arbre, d’une maison, d’un magasin…
- Sibole Daniel, c’est pas drôle! crie-je dans aucune direction particulière.
Nous arrivons à l’épicerie qui est maintenant fermée. Il n’y a plus de voitures dans le stationnement. Et aucune trace de Daniel.
- On devrait peut-être retourner au parc? suggère Nadia. Il est peut-être en train de nous y attendre.
- Et pourquoi il aurait pris autant de temps à se rendre au parc? rétorque Maverick un peu trop sèchement à mon goût.
- Ça suffit, tranché-je. J’appelle papa et maman.
Ça décroche à la deuxième sonnerie.
- Allô ma chouette, répond la voix fatiguée de ma mère.
Je crois l'avoir dérangée au moment où elle s’apprêtait à s’endormir.
- Allô… euh…
Devant moi, Nadia et Maverick me dévisagent intensément. J’y lis la nervosité et l'inquiétude dans leurs yeux. Maverick me donne l’impression qu’il pourrait exploser à tout moment.
- Il y a quelque chose qui ne va pas? demande ma mère qui semble sentir mon malaise.
- On ne trouve plus Daniel, finis-je par lancer, voulant éviter de tourner autour du pot.
- Comment ça vous ne trouvez plus Daniel?
Mon pouls s'accélère. Qu'est-ce qu'ils vont dire de moi? C'est de ma faute? J’ai agi en irresponsable? On n’est pas capable de se promener en ville sans qu’il y ait un problème?
- Ben… On était au parc. Je suis allée à l’épicerie avec Daniel pour acheter les trucs que tu as demandés. Pendant que je payais, Daniel est parti rejoindre Nad et Maverick au parc. Et quand je suis arrivée, il n'était pas là. On vient de refaire le chemin inverse et on ne l'a pas vu. On a aucune idée où il est passé.
- Tu ne sais pas où il pourrait être?
- Non. Il aurait dû être au parc avec les autres.
- Et ça fait combien de temps?
Je ne suis pas certaine de comprendre sa question.
- Combien de temps de quoi?
- Il était quelle heure quand il est parti de l’épicerie?
- Euh… presque neuf heures. Parce que l’épicerie allait bientôt fermer.
Un silence s’installe entre nous. Elle doit réfléchir. Qu’est-ce qu'elle se dit? Est-elle en train de s'imaginer les pires scénarios possibles?
- Attends deux secondes Liz, finit-elle par me dire.
Je l’entends parler à mon père mais ses paroles n'atteignent pas le combiné. Ils discutent, mais je n'arrive pas à saisir ce qu’ils se disent.
Je stresse.
- Liz? fait ma mère après quelques secondes pour s’assurer que je suis toujours là.
- Oui?
- Vous êtes à l’épicerie?
- Oui, confirmé-je. Dans le stationnement.
- Parfait. Restez là. Il n’y a pas de risque à prendre, on appelle la police. On vient vous rejoindre tout de suite après.
* * *
J’ai dû raconter à nouveau comment j’ai perdu mon frère. Mes parents sont arrivés en voiture au même moment que deux policiers. L’un d’entre eux nous demande à tour de rôle de lui raconter notre soirée dans les détails. C’est au tour de Nadia à livrer sa version des faits. J’ai l’impression que nous sommes tous les trois sur le banc des accusés. Cet interrogatoire me rend nerveuse. Faire venir la police me donne la sensation qu’il est arrivé quelque chose d’épouvantable à Daniel. Mon père a le regard tellement sévère. Une fois que tout cela sera fini, j’espère qu’il ne pettera pas les plombs contre nous. Et si Daniel restait introuvable toute la nuit? Papa tiendra-t-il Maverick et moi pour responsables?
- Il s’est peut-être arrêté faire quelque chose en chemin, suppose le policier. Est-ce qu’il y a des endroits où il aime aller?
- Il aime bien aller au parc.
- Mais on était au parc, me reprend Maverick avec une pointe d’impatience.
- Non, pas ce parc-là, celui pour enfants, avec les modules, la glissade jaune, les balançoires…
On continue de chercher des endroits où on a l’habitude de trainer avec Daniel. Les policiers prennent tout en notes, cependant, je ne vois pas trop pourquoi Daniel se retrouverait au parc ou bien devant le magasin de jeux.
- Ma mère est là, me chuchote soudainement Nadia.
Je reconnais la voiture de sa mère qui se stationne à quelques mètres d’où nous sommes. Mon amie me fait une accolade avant de partir.
- Tu m’écris pour me donner des nouvelles, hein?
Je hoche la tête puis elle part rejoindre sa mère. Les policiers continuent de nous poser des questions, mais je n’arrive plus à les écouter. Je vois mon père répondre, ses lèvres gesticulent, mais je n’entends rien. Un épais brouillard me coupe de la réalité.
- … les recherches. On s’occupe de tout. On vous conseille de retourner chez vous et on vous recontactera bientôt.
- Comment vous voulez que je reste chez moi sans rien faire alors que mon fils a disparu? s’indigne mon père.
- Je sais que c’est une situation difficile monsieur mais pour l’instant c’est tout ce qu’on peut faire.
- Voyons, je peux chercher avec vous.
- Nous voua appellerons quand nous aurons besoin de votre aide. Pour le moment, essayez de vous reposer.
- Me reposer! Ça paraît que vous êtes pas à ma place. Allez on s’en va.
Je me dépêche d’entrer dans la voiture. Mon père est tellement sur les nerfs que je le croirais capable de démarrer la voiture et partir sans se rendre compte que je suis restée dans le stationnement.
- Comment ils veulent qu’on reste chez nous à ne rien faire? ventile papa tout en conduisant. Daniel est peut-être en danger quelque part. Il est peut-être arrivé quelque chose de grave. Je peux pas rester les bras croisés.
- Pour l’instant, on ne peut pas leur être utile, essaye de le calmer ma mère. Il faut attendre.
- Attendre! répète-t-il, scandalisé. T’es capable de faire ça, toi?
- On n’a pas le choix…
Elle s’est interrompue quand sa voix a craqué. Je le sens bien que ma mère cache en elle un bouillonnement d'inquiétude. J’ai peur qu’elle explose elle aussi. Je préfère me faire discrète le plus possible. J’en oublie presque de respirer. Maverick, assis à côté de moi, garde les yeux rivés sur ses pieds. Il a le regard inquiet, les traits crispés. Il doit avoir peur. Est-ce qu’il s’en veut? Ou bien m’en veut-il à moi? Est-ce qu’il a honte? Je n’arrive pas à deviner ce qui se passe dans sa tête.
Arrivés à la maison, mon père part s’enfermer dans son bureau. J’ignore ce qu’il va y faire. Ma mère se dirige tout droit vers la cuisine pour se faire un café. Puis mon frère monte à l’étage. Je n’ai pas envie de m'imposer dans cette ambiance tendue, mais je me verrais mal laisser ma mère seule. Je m’avance maladroitement vers elle. Je n’ai pas vraiment d’idée de ce que je suis censée faire ou dire. Elle a le regard perdu sur la machine à café qui fait un bruit d’enfer. Je m’en veux tellement. Tout ce que j’ai fait, c'est dire à Daniel qu’il pouvait y aller. Je l’ai laissé quitter l’épicerie nonchalamment et le voilà disparu. Si ma mère se fait un sang d’ancre c’est de ma faute. Je n’avais qu’à garder Dan près de moi et rien de tout cela ne serait en train de se produire. Ma mère doit m’en vouloir à mort. Je devrais peut-être ne pas rester près d’elle finalement. Mais je veux m’assurer de ce qu’elle pense de moi.
- Maman…
Elle ne bronche pas. Ai-je parlé assez fort? Je me racle la gorge et poursuis.
- Ils vont le retrouver. Il s’est probablement perdu quelque part. Je ne crois pas qu’il y ait lieu de s'inquiéter.
Perdu quelque part? Je dis n’importe quoi. Comment Daniel pourrait se perdre dans la petite ville où il a grandi? Sincèrement, je n’arrive pas à trouver d’explication à ce qui se passe.
- Tu as sûrement raison, me répond maman. Il ne faut pas s'imaginer le pire. Tu connais ton père. Il peut parfois s’emporter quand il est inquiet.
- Euh… oui, je sais.
Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me lance une réponse optimiste. Elle a peut-être raison. Quels sont les risques qu'il soit arrivé quelque chose de grave? Franchement. Ce n’est qu’une question de minutes avant que Daniel débarque à la maison en s’excusant d’être allé s’amuser au parc ou d’avoir parlé trop longtemps avec un ami qu’il aurait croisé sur son chemin. Quand il rentrera, nos parents lui feront passer un mauvais quart d’heure, c’est certain.
Ma mère prend sa tasse, maintenant remplie de café, et s’installe à l’îlot pour boire. Je m'assois près d’elle. Je commence à en vouloir à Daniel de s'être volatilisé de la sorte. À quoi il a pensé? Il ne paie rien pour attendre. Aussitôt qu’il arrivera avec son petit air innocent, je lui donnerai la gifle de sa vie. Se rend-t-il compte de l’inquiétude qu’il me fait vivre? J’étais responsable de lui ce soir, c’est tellement égoïste de sa part.
Je me lève pour jeter un coup d'œil à la fenêtre. Daniel n’arrive pas. Les policiers non plus. Je ne suis qu’accueillie par le néant de la nuit. Que dois-je faire? Attendre? C’est bien ce que les policiers nous on dit de faire. Je décide alors de suivre l’exemple de Maverick ; je monte à ma chambre.
Je tente de rester assise sur mon lit, mais j’ai le réflexe à toutes les trois secondes d’aller voir à la fenêtre. Je répète le processus, encore et encore, toute la soirée…
Ça y est, je panique aussi. J’ai vraiment hâte de poursuivre ma lecture. Toutes les portes sont ouvertes pour une suite dramatique. Je fais confiance à l’autriste. C’est bien écrit.
RépondreSupprimerOuf, je suis aussi stressée que la famille de Daniel...
RépondreSupprimerPire drame qui puisse arriver. C’est pas une bonne idée de lire ça en se couchant. Je vais faire des cauchemars.
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