Critique : Anna et Arnaud
Titre : Anna et Arnaud
Réalisateur : Louis Bélanger
Année : 2021
Résumé :
Avis :
Au départ, je ne pensais pas accrocher autant à cette série. Personnellement, les thématiques ne me rejoignaient pas. Je ne connais personne qui vit dans la rue. Je n’ai jamais pris de drogue, je n’ai jamais été victime d’une fusillade, je ne suis pas mère… Sans que je m’y attende, j’ai fini par me sentir incroyablement investi par l’histoire d’Anna et celle d’Arnaud.
La série se déroule en deux temps. On suit deux timelines. Une qui commence en 2010 et l’autre en 2020, où Arnaud vit dans la rue depuis déjà un moment. Dans la timeline 2010, on est témoin tranquillement de la décente du protagoniste, de ce qui le mène graduellement vers la rue. Je dois admettre qu’au début de mon visionnement, j’étais principalement intéressée par cette timeline. Celle de 2020 m’accrochait moins. Cependant, à mesure que la série avançait, j’ai fini par être autant intéressé par les moments où Arnaud est sans-abris. Je ne connaissais à peu près rien du monde de l’itinérance avant de voir cette série. En dépeignant un univers réaliste, une atmosphère vraie, des personnages authentiques, la série a su m’accrocher, me captiver et m’embarquer dans ce monde pourtant si éloigné du mien.
L’élément qui déclenche les malheurs d’Arnaud c’est la fusillade dont il est victime. Cette intrigue est directement venue me chercher. Puis la suite ne fait que susciter notre intérêt. On veut savoir ce qui s’est passé. Comment ça se fait que quelqu’un s’en est pris à Arnaud? Est-ce que lui et sa blonde ont bel et bien identifié le bon suspect? Sera-t-il condamné? La série sait nous agripper à cette intrigue et elle nous rassasie qu’à la toute fin.
J’ai trouvé Arnaud incroyablement attachant. On a beau assister à sa décente, le voir prendre de mauvaises décisions, gaspiller l’aide de sa mère, il reste un homme vraiment généreux qui a à coeur le bien être des gens qui l’entourent. Juste à voir comment il est avec ces compères de la rue. Il en prend soin, il se soucie d’eux. Il partage le peu qu’il possède. Arnaud est vraiment un amour. C’est un des éléments qui appuie que la rue est son monde. C’est le seul endroit où il se sent utile et apprécié. Nous qui ne connaissons pas l’itinérance, Anna et Arnaud nous aide à comprendre ce qui amène les gens à vivre dans la rue et comment c’est difficile pour eux de s’en sortir.
Arnaud a été traumatisé par son agression. On suit son parcours, comment ça l’a affecté au point de devenir de moins en moins fonctionnel. Il y a une scène à la fin qui nous fait réaliser que le traumatisme d’Arnaud a été négligé. Son entourage a passé sous silence les conséquences psychologiques que l’agression a engendrée sur lui. Ça montre tellement l’importance d’être à l’écoute de la santé mentale d’autrui, surtout quand il y a eu un événement traumatisant.
Guylaine Tremblay joue à merveille la bonne maman aimante. Souriante, bienveillante, on ne peut que l’aimer. On sent tout l’amour qu’elle porte à son fils. J’aime qui ne l’est pas représentée comme une mère parfaite malgré tout. Elle a ses limites qu’on peut tout à fait comprendre. Sous son sourire se cache une femme inquiète, brisée, fatiguée. On voit bien son tiraillement entre son besoin d’être là pour Arnaud et son épuisement.
La série est remplie de scènes vraiment fortes en émotion. Un passage qui m’a totalement fait brailler est celui où une petite fille vient donner sa tirelire à Arnaud pour Noël. C’est tout simple mais tellement touchant. Et que dire de la scène de la porte, où Arnaud veut désespérément l’aide de sa mère mais que cette dernière n’a plus la force. C'est déchirant.
Si je dois parler de point à améliorer, je pense qu’on aurait pu montrer un peu plus de femmes vivant dans la rue. Je comprends bien qu’ils ont voulu nous montrer que c’est un monde d’homme. C’est très bien représenté d’ailleurs. Mais comme représentation féminine, on avait à peu près juste Sophia. Malgré tout, ce n’est qu’un détail loin d’être réellement problématique.
Même si la série aborde des thématiques qui ne nous touchent pas personnellement, elle réussit à nous agripper, à nous faire ressentir une forte empathie pour les personnages. Les émotions sont palpables. On s’attache aux personnages, et le tout en nous dépeignant une réalité méconnue qui sait nous rendre plus ouvert d’esprit.
Quel bon résumé de cette série! L’auteur est parti du livre de Francine Ruel dans lequel, elle raconte l’itinérance de son fils. Tu l’as rencontrée à La Marjolaine à l’été 2022. Bravo pour cette critique bien ficelée!
RépondreSupprimerC’est vrai que c’est une belle série et comme toi, je trouve aussi qu’elle nous permet de mieux connaître cette réalité qu’est l’itinérance.
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