Critique : Sauf que Sam est mort
Titre : Sauf que Sam est mort
Auteur(e) : Marianne Brisebois
Édition : Hurtubise
Nombre de pages : 520
Résumé :
Avis :
Sur tellement de points, ce livre a créé un lien très fort avec moi. Déjà que le deuil est un sujet qui vient particulièrement me chercher, l’autrice a su aborder ce thème à la perfection. Mais avant tout, elle a mis sur papier des personnages tellement riches, attachants, et surtout vrais.
On suit trois personnages, du point de vue d’Alexandra, une jeune enseignante qui se cherche un peu. Elle trouve enfin sa place dans la vie le jour où elle rencontre Sam. Je ne suis pas fan des romances mais dans leur cas, elle a su complètement me séduire. Un point qui me fait grandement apprécier cette romance, c’est qu’ils ne sont pas qu’en mode séduction où il n’y a que la beauté physique qui prend la place. Oui, Alexandra trouve Sam très beau, mais ce qui caractérise leur début de relation, c’est la complicité qu’ils partagent comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Ils échangent de belles discussions, apprennent à se connaître sans gêne, et surtout, ils rient ensemble. Pour moi, la meilleure des romances c’est quand les deux partagent le même humour.
Sam n’est pas non plus le type d’homme qu’on a l’habitude de représenter dans les romances et qui correspond aux standards de notre société, bien viril, séducteur, musclé, barbu… Sam est délicat et coquet. J’adore voir une histoire d’amour avec un homme comme ça. Je m’y identifie car moi même j’aime les hommes qui ne dégagent pas une abondance de testostérone. Même que l’amie d’Alex lui passe des commentaires disant que Sam n’est pas assez masculin et même qu’il est sûrement gai. J’ai ri durant ces passages parce que c’est tellement le type de commentaires débiles que je reçois quand je montre à mon entourage le genre d’homme qui m’attire. Alexandra est vraiment identifiable. Ça fait du bien. Sam est également un beau modèle masculin. Il montre que les femmes peuvent être amoureuses de nous même si on ne correspond pas aux standards de l’homme viril. Sauf que Sam est mort amène un réel vent de fraîcheur dans le genre de la romance.
Ce roman est aussi une merveilleuse histoire d’amitié. Jean-Thomas est le meilleur ami de Sam. Il est drôle, il taquine Sam, le brasse un peu. Par leurs échanges et la manière dont ils vivent ensemble, on sent qu’ils sont des amis de longue date. Leur complicité est palpable. J’ai vraiment aimé comment les trois personnages principaux sont fusionnels. Le livre ne suit pas le cliché de la jalousie où Sam serait pris en sandwich entre son amoureuse et son meilleure ami. Dès leur première rencontre, Alex et Jean-Thomas s’entendent super bien. Les trois personnages ont tous une personnalité propre à eux. Ce qui les rend particulièrement riches, c’est leur dynamique à trois. Ils se complètent si bien qu’on comprend leur besoin d’être ensemble.
Jamais je n’aurais cru qu’un roman sur le deuil pouvait être aussi drôle. Que ce soit quand Sam est vivant ou non, les personnages ont une si belle complicité que bons nombres de répliques sont savoureuses. J’ai ri à de nombreuses fois. Les personnages dégagent une belle alchimie. Je me suis sentie tellement proche d’eux. J’aurais trop voulu faire partie de leur gang.
C’est rare que les fictions dépeignent des amitiés sincères entre un gars et une fille hétérosexuels. Quand c’est le cas, ça finit presque tout le temps en relation amoureuse. Ici, même des mois après la mort de Sam, Alex et Jean-Thomas restent amis. Même que leur amitié devient encore plus significative et vitale à la mort de Sam.
Le deuil d’Alex et Jean-Thomas est si vrai. L’histoire prend le temps de plonger dans leurs émotions. On sent à quel point cette épreuve est difficile pour eux et on comprend vu qu’on connait l’importance qu’avait Sam dans leur vie. C’est quand même beau dans un sens de les voir vivre cette épreuve côte à côte. On pourrait les trouver un peu trop dépendants, point qui est justement soulevé dans le livre, mais comment leur reprocher alors que c’est leur amitié est la seule chose qui leur permet de survivre à ce drame?
La narration oscille entre les moments où Sam est vivant et ceux où il est mort. De ce fait, l’histoire n’a pas le temps de devenir trop lourde. Ça amène un bon équilibre entre la légèreté des moments joyeux, et la réalité du deuil. Je suis juste un peu énervée par le fait que les chapitres se promènent à divers instants de la timeline. Il n’y a pas de suite. On lit un chapitre qui se passe le 16 juin 2019, ensuite un autre qui est le 27 mai 2017 puis le 3 mars 2021. Il n’y a pas vraiment de suite logique. Je crois tout de même que c’est pour faire quelque liens avec le passé mais selon moi, le roman aurait pu se suivre dans un ordre plus chronologique sans que ça entache le récit. Il y aurait eu deux timelines bien distinctes qui s’entrecroisent. Une débutant à la rencontre d’Alex et Sam et qui se termine à la mort de ce dernier. Et l’autre débutant tout de suite après le décès puis se terminant sur la fin du deuil d’Alex et Jean-Thomas. Quelque chose dans le genre. Malgré tout, l’histoire se suit tout de même bien. Il faut toutefois être attentifs aux dates. Et puis le jour de la mort de Sam reste vers la toute fin, ce qui tient le lecteur en haleine jusqu’au bout.
J'aurais préféré également que les événements se déroulent quelques années plus tôt. Une partie de l'histoire se passe durant la pandémie, mais fait comme s'il n'y avait jamais eu de pandémie. Je déteste quand les fictions font ça. Si vous ne voulez pas parler de la pandémie, faites dérouler votre histoire une autre année. Mais Sauf que Sam est mort fait un doigt d'honneur à cet événement historique. On peut voir entre autres les personnages faire un énorme party du jour de l'an en 2020. Alors qu'on se rappelle que le 31 décembre 2020, on était tous confinés chez nous avec comme seule activité le visionnement du bye bye.
Autre point qui m’agace c’est le passage où Alex et Jean-Thomas se sautent dessus sans crier gare et couchent ensemble. Je veux bien que Sam soit mort, mais durant tout le livre, on nous répète sans cesse qu’Alex et Jean-Thomas ne sont qu’amis et n’éprouvent aucune attirance l’un envers l’autre. Même s’ils s’interrompent pendant l’acte, j’ai trouvé que ce rapprochement était de trop. Pour une fois qu’une fiction représente une profonde amitié entre un gars et une fille hétéros sans qu’il n’y ait d’ambiguïté, il fallait que ça tombe dans le charnel. Les personnages passent ensuite des plombes à essayer de comprendre ce qu’il leur a pris, sans toutefois arriver à une conclusion. Même les personnages ne comprennent pas. Peut-être qu’il y a quelque chose qui m’échappe, mais je ne vois pas l’utilité de ce passage. Sinon, ça va. Malgré leur lien très très proche, Alex et Jean-Thomas ne passent jamais par le stade couple. Ils restent d'excellents amis, et ce, jusqu’à la fin. C’est ce qui les a sauvé de chagrin en fin de compte. Je souhaite à tout le monde une amitié comme celle-ci.
Probablement, qu’une des principales raisons qui fait que j’adore ce roman est qu’il brise tous les clichés concernant des sujets qui me tiennent à cœur. Il présente une romance où les deux ne ressemblent pas qu’à des amants sexy mais surtout à des meilleurs amis. Un amoureux loin de correspondre aux standards actuels de l’homme musclé et barbu. Une amitié profonde entre un gars et une fille hétéros sans que ça se développe en amour. Une amitié fusionnelle et tendre entre deux garçons sans que ça devienne gai. Une histoire de deuil profonde et réaliste qui prend le temps d’être vécu. Bref, un réel coup de cœur qui vient me chercher personnellement sur tous les points.
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