Critique : Aimer sans frontières
Titre : Aimer sans frontières
Auteur(e) :Vivianne Moreau
Édition : de Mortagne
Nombre de pages : 352
Résumé :
Avis :
Dès le début, on entre dans le quotidien de Mathilde tout en apprenant à la connaître ainsi que ses amies de filles. Elles ont toutes des personnalités différentes ce qui crée une belle dynamique amusante à suivre. On a pas de misère à s’attacher à Mathilde, adolescente mignonne, mature et ouverte d'esprit. J’aime beaucoup également que le livre prenne le temps de décrire physiquement ses personnages. Ça permet une meilleure immersion. En plus de notre bande de filles, ces dernières se lient d’amitié avec des garçons de secondaire cinq. J’ai beaucoup aimé la cohabitation de ces deux gang. La scène de leur rencontre est drôle et énergique. Les différents liens se lient entre eux, c’est intéressant à suivre. C’est ce qui m’a directement accroché dans ce roman.
Par contre, j'en suis venue à me demander ce que cette bande d’amis allait avoir comme lien avec le sujet principal. La fameuse relation amoureuse interculturelle arrive assez tard, soit en milieu de livre. En fin de compte, la bande d’amis finit par être présente pour montrer les préjugés que subit Mathilde sur sa relation. Un membre de la bande se montre même très raciste envers Raheeq et les Arabes en général. J’apprécie que ses propos viennent d’un passé traumatique, même si ces comportements racistes ne sont pas du tout acceptables, ni excusables.
En ce qui concerne la relation amoureuse, je n’ai pas senti ce qui les attirait réellement l’un envers l’autre. Ce qui cimente principalement cette relation est l’attirance physique. Dès la première fois que Mathilde voit Raheeq, elle est subjuguée par sa beauté. Ils se croisent quelque autres fois, et ils ne se parlent pas beaucoup. C'est surtout le coup de foudre qui prend la place. Puis tout d’un coup, ils s’embrassent. J’ai trouvé ce passage un peu trop à l’eau de rose. Ça faisait fan fiction d’adolescente.
Suite à ce passage, Mathilde et Raheeq commencent à devenir un couple sérieux. C’est à partir de ce moment qu’on est témoin des effets de l’interculturalité. Ça devient très percutant quand Mathilde va manger dans la famille de Raheeq. Le dépaysement est frappant. La pauvre est dans une famille qui parle une langue qui lui est complètement étrangère. Mais c’est aussi beau de la voir se rapprocher de sa belle-soeur et de sa belle-mère qui sont aimantes comme tout. Malgré tout, elle est victime de discrimination de la part de certains membres de la famille. Ce qui est assez choquant.
On suit donc Mathilde dans les joies mais aussi les défis que lui apporte sa relation interculturelle. Ce thème est franchement bien appuyé sur plusieurs points ; langue, nourriture, vêtements, valeurs… Par contre, à côté de ça, la romance n’est pas si développée. J’aurais de la misère à dire pourquoi Mathilde et Raheeq sont amoureux. Ça m’a un peu déçu. D’un autre côté, on met l’emphase sur l’interculturalité. C’est surtout ça le sujet principal du roman. Mais j’aurais quand même aimé qu’à travers cette thématique, la romance soit plus riche. L’enjeu aurait eu plus de poids avec une relation mieux développée. On aurait pu leur donner une passion commune. La nourriture par exemple. L’histoire aurait pu jouer là dessus. D’autant plus qu’on appuie en entrée de jeu que Mathilde est très ouverte d’esprit concernant l’art culinaire. Elle mange tout type de nourriture, elle aime cuisiner avec sa belle-famille… Une passion autour de la bouffe aurait cimentée leur romance en plus de montrer symboliquement que deux cultures peuvent s’unir.
Il n’y a pas une culture valorisée au détriment de l’autre. Sur certains points, Mathilde et Raheeq ne partagent pas les mêmes valeurs, et c’est okay. Raheeq parle déjà de mariage et d’enfants alors que pour Mathilde, ça va trop vite. Ce n’est pas Raheeq ou Mathilde qui a raison. Ils se connaissent depuis seulement deux semaines. Il ne peuvent même pas savoir encore, à ce stade, s’ils sont faits l’un pour l’autre. Évidemment que pour Mathilde, parler de ces sujets ça va trop vite. Et de l’autre côté, pour Raheeq, à quoi ça sert de se fréquenter si on n’envisage pas d’avenir ensemble? Les deux points de vue se valent.
À ma première lecture, je trouvais la chicane à la fin un peu forcée. Je trouvais que Mathilde avait réagi de manière exagérée et névrosée pour pas grand chose. Par contre, avec le recule, je me rends compte qu’elle a vécu plusieurs insécurités et discriminations au fil du livre, ce qui a dû la fragiliser. Alors sa réaction peut se comprendre. C’était seulement la goutte pour Mathilde et elle avait besoin d’exploser et de se morfondre un peu. C’est normal.
Même si le côté romance n’est pas très développé, le côté interculturelles l’est beaucoup. J’ai bien apprécié cette histoire qui fait cohabiter amour, amitié, et interculturalité.
Je n’ai pas lu le livre, mais à la lecture de ta critique, tu me prépares bien à mieux saisir les subtilités et les raccourcis de l’histoire. Je crois que cette histoire aurait besoin de développer d’avantage.
RépondreSupprimerCritique très intéressante!