Ta délivrance, ma souffrance - CHAPITRE 7
7. Bright Eyes
Novembre
Les funérailles se déroulent dans la ville voisine. Il paraît que la mère de Mathias a insisté pour que son fils soit enterré dans le cimetière de sa ville natale, à côté de son père. J’espère que Mathias était proche de son grand-père car ils vont reposer ensemble pour l’éternité. J’aurais préféré qu’il soit enterré dans le cimetière près de chez moi. Mais bon, ce n’était clairement pas à moi de prendre cette décision.
Mon frère et moi prenons un taxi en direction de cette journée qui risque d’être lourde et triste. Je me remémore ce que Rose m’a dit hier.
- Vous êtes certains que vous voulez y aller?
- Évidemment, lui ai-je répondu. Pourquoi je ne voudrais pas?
- Ça va sûrement être très difficile.
- C’est important pour moi d’y aller, ai-je répliqué. Il a déjà été mon meilleur ami alors il est hors de question que je n’assiste pas à son enterrement.
- Alors bon courage, a conclu Rose avant de me prendre dans ses bras.
Plus le taxi s’approche de la destination, plus je me sens nerveuse. Comment vais-je devoir agir? Il va bien falloir que j’offre mes condoléances à ses parents. Oh mon dieu! Je n’en aurai pas le courage. Je regarde mon frère à ma gauche pour essayer de savoir s’il a les mêmes inquiétudes que moi. Il me regarde à son tour. Il doit lire l’angoisse en moi car il me fait un sourire réconfortant et me donne la main. Je lui souris aussi. Ce que j’aime avec lui, c’est que nous n’avons pas nécessairement besoin de parler pour nous comprendre.
Le chauffeur nous dépose devant un salon funéraire à côté d’un cimetière. Après l'avoir payé, nous débarquons puis marchons vers le complexe funéraire. Un sentiment de panique m'envahit d’un coup.
- Et si on n’avait pas du tout d’affaire là? demandé-je en un souffle à mon frère en lui arrachant presque sa manche de manteau.
- Voyons, pourquoi tu dis ça?
- C’est pas supposé être la famille intime qui a le droit d’être au salon? Il faudrait attendre dehors que l'exposition se termine et être là que pour l’enterrement.
- Mais non. Tu as tout à fait le droit d’être là. Tu viens lui rendre hommage et apporter du soutien à la famille.
Qu’est-ce qu’il me dit là? Comment pourrais-je apporter du soutien à sa famille?
- Il était important pour toi, ajoute-t-il, alors tu as le droit de te recueillir ici.
Malgré les paroles rassurantes de mon frère, ma panique commence à se transformer en culpabilité. Est-ce que Mathias aurait été aussi important pour moi s’il ne s’était jamais suicidé? Est-ce qu’il n’aurait été qu’un vieux souvenir d’enfance se perdant dans l’oubli?
- Tu as déjà été sa meilleure amie, Sarah. Tu as ta place ici.
La dernière phrase de mon frère m’attendrit. En signe de résignation, je pose ma tête sur son bras. Il a compris le message, nous reprenons notre chemin vers la bâtisse.
Nous y entrons comme si j’entrais dans une mer houleuse. Je m’accroche à Émile tel une bouée de sauvetage. La première image que je vois est la mère de Mathias qui pleure dans les bras d’une autre femme. Cette vision me fait l’effet d’être frappée par une grosse vague. La journée sera dure. Nous avançons vers l’entrée de la pièce. Aussitôt que nous arrivons près de France, cette dernière se retrouve seule. Ce serait donc le moment idéal pour lui adresser quelques mots. Cependant, je reste clouée sur place. Voyant que je suis tétanisée, Émile présente en premier ses condoléances à France.
- Bonjour madame. Toutes mes sympathies.
- Merci beaucoup. Tu étais un ami de Math?
- Non, j’accompagne ma sœur Sarah...
Je me redresse à la mention de mon nom. Mon frère n’a pas besoin de continuer sa phrase. France se tourne pour me regarder et sait déjà qui je suis. Son regard s’illumine malgré la profonde détresse qu’il contient. Elle me sourit tristement et me dit :
- Oh oui. J’ai entendu parler de toi.
- Ah oui…?
Je ne crois pas ce que je viens d’entendre. Math parlait de moi à sa mère! Récemment ou quand il était petit? Peu importe, c’est bien la preuve que j’avais un peu d’importance à ses yeux. Je suis tellement touchée d’entendre ça de la bouche de sa mère. Moi qui ne parlait jamais de lui à qui que ce soit.
Nous commençons à faire le tour de la pièce. Ça ressemble un peu aux souvenirs que j’ai des funérailles de mon grand-père. La pièce est chaleureuse. C’est calme et doux. Je m’approche de la table d’exposition. Un cadre contenant une photo de Mathias tient compagnie à son urne.
- Cette photo a été prise cet été, entends-je de la voix d’un des hommes debout à côté de moi. C’était sur le trampoline.
En effet, dans un plan taille, on peut voir Mathias assis sur un trampoline, le regard tendre et le sourire paisible. Un magnifique couché de soleil fait office de décor derrière lui. J’aimerais être absorbée par la photo et sauter avec lui sur le trampoline. Je n’étais malheureusement pas à ses côtés cet été-là. Autant que je le peux, je plonge mon regard dans celui de Mathias qui fixe directement l’objectif. C’est comme s’il me regardait, me souriait. Je reste à cet endroit pendant encore une minute, bercée par la divine odeur des fleurs qui ornent l’autel. Je prends le temps d’observer l’urne. Elle est faite d’un bois pâle, c’est assez joli. Il y a même une clé de sol dessus. J’y passe mes doigts pour sentir le relief.
- C’est cool hein? commente une jeune adolescente à côté de moi.
Comme une fautive prise sur le fait, j'enlève ma main aussitôt.
- Quoi? bredouillé-je.
- La clé de sol. C’est mon père qui a fait l’urne. Comme Mathias était tout le temps en train d’écouter de la musique, il a décidé d'y ajouter ce petit quelque chose qui le représente.
- Ah! C’est une bonne idée.
Sérieusement, c’est touchant comme tout cette attention. Je ne savais pas qu’on pouvait se fabriquer sa propre urne.
- Ton père a fait un beau travail, dis-je à la jeune fille.
- Oui. Il est vraiment bon dans les travaux manuels. C’est juste dommage que cette urne doive être enterrée.
Je laisse échapper un petit rire.
- Tu étais une amie? me demande-t-elle.
- Oui. Enfin, quand on était enfants. Je m’appelle Sarah.
- Enchantée, me dit-elle en me tendant la main. Moi, c’est Héléna. C’était mon cousin.
Je serre sa main. Cette fille doit avoir à peu près douze ou treize ans. Elle a les cheveux du même blond que ceux de Mathias. Elle porte une robe noire à petits motifs blancs. En observant comme il le faut, je peux remarquer que ces motifs sont des petites têtes de mort. Quel aplomb pour des funérailles. J’adore son style.
Je la salue puis je pars plus loin pour la laisser se recueillir avec sa famille. Mon frère me suit. Je remarque au fond de la pièce un écran faisant défiler plusieurs photos de Mathias. Au moment où je m’approche pour mieux contempler les photos, j'aperçois le père de mon ancien ami. La vue de cet homme me rappelle des souvenirs. Je le revoie venir chercher Math sur la cour d’école, ou quand j’étais allée jouer chez lui. Si sa mère a su qui j’étais, il devrait très bien se rappeler de moi. Je n’ose pas aller le voir. Ça me prendrait toute la force du monde pour lui présenter mes condoléances.
- Vas-tu aller voir son père?
Je ne peux m’empêcher de me dire qu’Émile sait lire dans mes pensées. Je le regarde, il a dû remarquer que je fixais Pierre de loin.
- Je ne sais pas…
- Je pense qu’il serait content de te voir.
- Tu crois?
J’en doute. Qu’est-ce que j’aurais à lui apporter? Je débarque et lui dit « Salut, je suis la fille qui n’était plus amie avec votre fils. »
Par politesse, je me résigne à y aller. C’est la moindre des choses que j’aille lui adresser quelques mots. On s’est connus à une certaine époque quand même. Une fois arrivée à côté de lui, je lance un timide :
- Bonjour Pierre...
Qu’est-ce que j’ajoute? « Mes sympathies »? Trop générique. « J’espère que vous allez bien malgré tout »? Trop optimiste. « Je suis désolée pour ce qui est arrivé »… Tout sonne faux. Je n’ai cependant pas le temps d’ajouter quoi que ce soit. Il me répond tout de suite.
- Sarah! Salut. Ça fait longtemps qu’on s’est vus.
- Ouais, environ cinq ans je crois.
- Tu as bien vieilli depuis le temps. Comment ça va?
- Bien. Et vous?
- Non.
Mon dieu! Ai-je réellement répondu que j’allais bien? Et pire, ai-je réellement demandé en retour comment il allait? Bien entendu qu’il ne va pas bien. J’ai sorti ces phrases toutes faites sans réfléchir.
Quelle idiote!
Suite à sa froide réponse, Pierre se retourne pour parler à quelqu’un d’autre. Un puissant sentiment de honte me submerge. Je cours prendre l’air dehors.
Le froid de novembre me permet d’un peu mieux respirer.
- Ça va Sarah?
On veut me narguer pour la mini conversation embarrassante que je viens d’avoir, ou quoi? Je me retourne, c’est mon frère qui m'a suivie. Je lui balance ce qui vient de se passer.
- Le père de Math m’a demandé si j’allais bien et je lui ai répondu « oui et vous? ». Évidemment, il m’a répondu un direct « non ». Tu parles d’une conne!
- C’est lui qui est con, réplique mon frère en chuchotant pour ne pas que son insulte soit entendue. On ne pose pas ce genre de question banale aux funérailles d’un ado qui s’est suicidé.
- Moi aussi je lui ai posé cette question banale, rétorqué-je un peu décontenancée que mon frère traite Pierre de con.
- Tu as répondu par réflexe. C’est lui qui a commencé avec sa question débile. C’était con de t’avoir posé cette question. Tu lui as répondu que tu allais bien par politesse et lui, il a eu la brillante idée de te mettre mal à l’aise avec une réponse sincère. C’est ordinaire de sa part, je trouve.
Émile est mignon de conforter ma dignité comme ça. Mais j’aimerais encore effacer cette minute de ma vie. Ou j’aurais dû lui répondre « non » moi aussi et terminer cette discussion là-dessus.
Nous retournons à l’intérieur. Nous nous trouvons un coin pour nous asseoir.
- Il y a une madame là-bas qui ressemble à une grenouille, me souffle mon frère d’un air moqueur.
Cette annonce sort tellement de nul part que je pouffe de rire. Que se passe-t-il dans la tête de mon frère, bordel?
- Laquelle? demandé-je amusée.
- Tu vas la reconnaître.
Je scrute un instant les gens au fond afin de chercher cette fameuse dame à l’allure particulière. Je finis par comprendre de qui mon frère parle.
- Oh my god je la vois, annoncé-je à Émile.
Nous nous esclaffons le plus discrètement possible. Ce doit être la nervosité. qui nous fait rire à ce point.
- Je vais aux toilettes, m’annonce Émile après notre éclat de rire presque silencieux.
- D’accord.
Il pose un petit bisou sur ma joue et se lève en direction de la salle de bain. En attendant qu’il revienne, j’observe attentivement les gens. L’ambiance est moins lourde que ce que je m’étais imaginé. C’est comme si après que le monde ait versé quelques larmes, ce rassemblement devenait une sorte de réunion de famille. Mon regard se retourne vers la télé du fond. Je me lève et m’avance pour admirer toutes ces photos. Cependant, mon frère me sort de ma contemplation en revenant.
- Le salon est énorme. J’ai failli me perdre.
- Ben là, exagère pas.
Nous rigolons avant de commencer à discuter de Mathias. Je raconte à Émile des souvenirs du temps où nous étions enfants et entre autres, des fois où Math était venu jouer chez nous. On prend aussi le temps d'observer les photos qui défilent. Je deviens absorbée par ce diaporama qui projette une multitude de beaux souvenirs. Je suis témoin de différentes sphères de la vie de Mathias. Je le vois à des fêtes de Noël. Je vois un jeune Mathias d’à peu près onze ans qui déballe un cadeau. Un Mathias adolescent étendu avec attitude dans un lazy boy. Une photo récente où il sourit sereinement devant un boisé. Un petit Mathias assis sur les genoux de son père. Un sexy Mathias en maillot de bain à la plage. Une photo stylée où il fait un signe de peace. Et…
- Émile! m’exclamé-je.
- Quoi?
- La photo.
- Oh! C’est toi!
J'apparais sur une des photos! Je porte ma robe de princesse que j’avais reçue à Noël et Mathias se colle à moi pour la pose. J’avais oublié l'existence de cette photo. Mais qui la possède?
- Vous êtes dont ben mignons, commente Émile.
L’image disparaît après quelque secondes pour laisser place à une autre. Une vague d’émotion me submerge. Je n’avais pas pensé qu’il pouvait exister des photos de nous deux ensemble. J’aimerais tant avoir cette photo. Je me retourne et aperçois Héléna à quelques mètres. Elle se tient avec une bande d’enfants. Probablement des cousins eux aussi. Je vais la voir.
- Héléna, l’appelé-je timidement.
Elle se retourne puis me sourit en me voyant.
- Oui?
- Je suis un peu gênée de te demander ça mais, il y a une photo dans le diaporama qui a été prise chez moi il y a quelques années. Je suis dessus avec Mathias. Est-ce qu’il y aurait moyen que quelqu’un me l’envoie?
- Ben oui, c’est sûr, s’exclame-t-elle.
Sa réponse me fait chaud au cœur. Je ne peux m’empêcher d’exprimer un sourire ému.
- C’est ma tante qui s’est occupée des photos, indique-t-elle. Je peux lui demander de me les envoyer et je te les enverrai par la suite.
- Wow! Merci mais je n’ai pas besoin de toutes les photos. Juste celle où on est ensemble me suffit.
- T’en qu’à toutes les avoir, je te les enverrai toutes.
Cette fille est un ange.
- T’es dont ben fine, m’exclamé-je.
- Ça me fait plaisir, répond-elle chaleureusement. Par Facebook ça t’ira?
- Parfait. Mon profil c’est Sarah Rivard.
Notre conversation est coupée par l’annonce du départ vers le cimetière. Émile me rejoint et nous suivons la masse de gens en direction de la cérémonie d’enterrement. Plusieurs personnes se sont déjà rassemblées autour de la pierre tombale.
- Pas trop en avant, dis-je en retenant mon frère pour qu’il arrête de marcher. On n'est pas de la famille quand même.
- Okay. Si on reste ici ça te va?
Je fais signe de oui de la tête.
La cérémonie commence avec les parents de Mathias qui posent l’urne à côté de la fosse où elle sera enterrée. Les membres de la famille, chacun leur tour, posent leur main sur la boîte.
Mon esprit se perd dans le décor automnal. Malgré la froideur et la tristesse qui entourent cet événement, il fait un brillant soleil. Peut-être parce qu’en ce moment même, Mathias nous observe, et le brillant de ses yeux et de son sourire arrive à nous atteindre. Il parvient à prendre la place malgré l’ambiance funèbre.
Je m’imagine que Math serait ici, bien vivant. Nous partirions faire une grande marche à travers le cimetière. On commenterait les noms sur les pierres tombales, on se remémorerait des souvenirs de l’école primaire.
Je reviens soudainement à la réalité. Une femme fait un discours à côté de la pierre tombale. J’ignore qui elle est. Elle ne semble pas être de la famille. J’imagine qu’ils ont engagé quelqu’un pour dire quelques mots, ou quelque chose dans le genre. Qui, dans l’entourage de Mathias, pourrait avoir le courage de parler devant tout le monde à son enterrement? Un adolescent qui meurt, c’est trop triste. Un suicide en plus, c’est tragique. Je crois bien que personne proche de lui arriverait à dire quelques mots devant cette foule. La femme est en train de lire un poème.
- … je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin. Vous voyez, tout est bien. Continuez s’il-vous-plaît.
« Tout est bien ». Elle est drôle, elle. C’est des conneries. Si Mathias était de l’autre côté du chemin, comme elle dit, et bien je n’aurais qu’à traverser la rue pour le rejoindre. Et même d’où je suis je pourrais le voir de l’autre côté. À moins que dans cette douteuse métaphore, traverser la rue est l'équivalent de mourir. Wow. C’est banaliser la mort sur un moyen temps.
Ça veut tellement rien dire. Il n’y avait vraiment personne pour parler de Mathias? Il me semble que se remémorer la personne qu’il était ferait plus de bien et serait beaucoup plus pertinent que de lire un simple poème.
Au moment où la femme finit son discours, France se met à pleurer en silence et enfouie son visage sur l’épaule de son conjoint. Je me retiens de grimacer de douleur à la voir comme ça.
À la fin de la cérémonie, tout le monde se disperse. Le père de Mathias part déjà, la tête baissée. Je regarde France, à quelques mètres de moi, qui est entourée de son conjoint et de quelques autres personnes.
- Je veux aller dire un dernier mot à France avant de partir, annoncé-je à Émile. Je n’ai pas envie de partir en sauvage.
Je n’ai pas envie de partir comme Pierre.
- Bonne idée, approuve mon frère. Je vais appeler le taxi en attendant.
Pendant qu’Émile marche en direction du stationnement en sortant son téléphone, je marche de mon côté vers la mère de mon vieil ami. Avant de placer un mot, j’attends quelques secondes pour ne pas couper la discussion qu’elle entretient avec ceux qui l'entourent. Les gens finissent par se dissiper tranquillement puis elle pose enfin les yeux sur moi.
- Salut France. Je voulais seulement vous dire aurevoir.
- C’est gentil d’être venue, me répond-elle avec une sincère reconnaissance.
- Évidemment que j’allais venir.
C’est alors qu’elle s’approche de moi et me prend la main. Ce geste, bien que tendre, me surprend néanmoins. Avec le même regard perçant qu’elle m’a fait quand je l’ai rencontrée au salon, elle me dit :
- Si jamais un jour tu vas mal, ne reste pas seule avec ce que tu ressens. Parles-en à quelqu’un.
Je suis à la fois touchée et troublée. Elle fait évidemment allusion à Mathias qui a dû garder tout son mal-être pour lui. Cette femme doit sûrement se donner comme mission d’empêcher qu’il y ait d’autres jeunes qui fassent la même chose que son fils. Même si elle ne me connaît pas, elle veut s’assurer que je vais bien. Je ne me serais jamais attendu à ça de sa part.
- D’accord, acquiescé-je sur un ton plus ou moins sûr.
Sur ce, je la laisse avec sa famille. Je cherche Héléna du regard pour lui dire aurevoir, mais je ne la vois pas. Je pars donc rejoindre mon frère qui attend le taxi.
Une fois arrivés à la maison, notre mère nous accueille en nous demandant comment s’est passée notre journée.
- C'était le fun, lancé-je avec sarcasme.
Un sourire triste se dessine sur le visage de ma mère. Émile et moi lui racontons comment le tout s’est déroulé. Suite à cette discussion, elle part vers la cuisine pour commencer à préparer le souper. Je décide d’aller me changer pour être plus confortable. Je me tourne vers mon frère avant de monter à l’étage.
- Merci Émile d’être venu avec moi.
Avec un sourire chaleureux, il me répond :
- Il n'y a vraiment pas de quoi Saga.
Enfin dans ma chambre, j’enlève ma robe pour enfiler mon éternel jean délavé et un coton ouaté.
En soirée, j’ai passé la tête dans mon ordinateur. Je viens de faire mes recherches ; j’ai retrouvé le poème que la femme a lu à l’enterrement. Il serait l'œuvre de Saint-Augustin. Les dernières paroles de ce texte étaient restées gravées dans ma tête : « Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin ». Ça m’a choquée. C’est clair que ce texte a été écrit par une personne qui croyait au paradis. Tellement naïf.
Bon je l’admets, je suis sévère. Ce n’est pas mauvais comme œuvre. Elle ne me touche pas, c’est tout. Je ferme mon ordinateur et m’étends pour écouter de la musique. Les écouteurs dans les oreilles, je mets Bright Eyes d’Art Garfunkel. Cette chanson me rappelle mon enfance. Je l’avais découverte dans un vieux dessin animé. Je pense que je comprends enfin le sens des paroles.
Je crois que sa présence au salon , bien que triste, posera un baume sur la peine de Sarah. Je lui souhaite qu’elle s’accroche aux doux souvenirs de leur enfance. Il y aura encore des jours difficiles.
RépondreSupprimerMerci Corinne, c'est triste, mais c'est bien écrit.
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