Critique : Tag

 

Titre : Tag

Réalisateur : Danny Roth

Année : 2012

Résumé :

Billy est le leader autoproclamé d'un groupe d'adolescents vivant dans un refuge. Jacob et Rae, les plus anciens amis d'enfance de Billy, y vivent et font partie de "la famille". Billy a un virus semblable au SIDA, qu'il a transmis à son frère de sang Jacob. Billy et Rae sont en couple, au grand désarroi de Jacob qui a toujours aimé Rae de loin. La philosophie de vie de Billy, et comment cela s'interface avec un virus mortel, atteint son paroxysme lorsque Billy et Jacob s'affrontent dans un jeu unique de "Tag". L'avenir de Rae et de "la famille" dépendent du résultat.

Avis :

Je me sens un peu stupide de faire une critique de ce film alors qu’il y a certains passages que je n’ai pas compris. Je l’ai écouté en anglais et je ne suis pas parfaitement bilingue alors malheureusement, il m’en manque des bouts. Mais j’ai tout de même bien compris le film dans son ensemble et il m’a marqué au point où je ressens le besoin de m’exprimer dessus.

C’est surtout l’histoire de trois amis d’enfance, Jacob, Rae et Billy, qui ont réussi à survivre à leurs enfances difficiles grâce à la protection de Billy.

Rae fuit sa maison car son beau-père Hal a abusé d’elle quand elle avait neuf ans. Bon, ceux qui me connaissent devineront que cette intrigue m’a énervé au premier abord. Encore un beau-père violeur. Ben oui! Ça aurait pu être son père biologique que le scénario aurait été le même. Mais non, il fallait que ce soit son beau-père. D’accord, outre ce cliché récurrent qui commence sérieusement à m’énerver, l’arc de Rae est très touchant et on ressent très bien son besoin de fuir la maison.

En ce qui concerne Jacob, c’est un adolescent suicidaire depuis des années. On est témoin de la toxicité de son milieu familial via certains flashback qu’on voit à travers le film. Jake a une mère vraiment horrible, violente moralement et physiquement. Dû à cette maltraitance, il fait sa première tentative de suicide alors qu’il n’est qu’un enfant. Ça brise le coeur. J’ai aimé la phrase de Rae lors de sa narration quand elle affirme croire que Jake ne voulait pas réellement mourir mais qu’il voulait surtout fuir sa mère. C’est fort.

On a donc des jeunes, surtout Rae et Jake, qui n’ont que Billy dans la vie. Le film joue sur la dépendance qu’ils ont envers leur ami et ce dernier qui se valorise en exécutant presque le rôle d’un gourou. Ils sont sous son emprise. Il y a un passage en particulier qui m’a vraiment marqué où Billy abuse de son pouvoir en jouant sur la culpabilité de Jake, lui affirmant que c’est lui qui l’a empêché de se suicider durant toutes ces années. 

Malgré la grande aide que leur a apportée Billy, ce dernier devient toxique. Ils sont déchirés entre le sentiment de redevance qu’ils ont envers Billy et leur besoin de s’éloigner de lui, maintenant qu’il est plus nuisible qu’aidant. Le fait que Rae soit enceinte de lui appuie ce lien qui la rattache à son ami d’enfance. Le tout est bien renforcé par les quelques flashback au cours du film

Les autres jeunes constituant ce qu’ils appellent la « famille » sont un peu oubliables. Ils font le travail, mais sans être très marquant. Sauf peut-être celle qui veut devenir maquilleuse que je trouve quand même sympathique. Mais il y en a une en particulier qui m’énervait. C’est vraiment personnel, mais son visage et ses expressions faciales ne me revenaient pas du tout.

J’aime bien le couple de trentenaires, Edmund et Christine. Avec eux, on est témoins plus en profondeur des conséquences que la tag a sur les victimes. En plus, on crée un lien très touchant entre Rae et Edmund. Il devient un peu comme un oncle pour elle, et pour lui, la famille qu’il rêvait d’avoir. Leur lien se noue un peu trop vite cependant. Ce genre de relation est supposée prendre plus de temps pour se développer. Mais les deux personnages se complètent tout de même bien et c’est satisfaisant de les voir partir ensemble à la fin.

(Spoilers pour les trois prochains paragraphes)
La folie de Billy atteint son point culminant vers la fin, en particulier au moment où il veut tagger Rae. Jake réussit à l’en empêcher en le poignardant. S’ensuit le dernier échange entre Rae et Jake qui est vraiment poignant. Il lui confesse que la seule raison qui le faisait tenir c’était pour s’assurer qu’elle aille bien. C’est déchirant car on sent l’amour qu'elle lui porte mais que son besoin de partir est urgent. Et du côté de Jake, sans elle, ses raisons de vivre sont mises à mal. La « famille » s’enfuit. Rae part, et Billy meurt. Jake se retrouve alors complètement seul face à ses démons. J’ai tellement eu peur pour lui quand il va se cacher avec le couteau dans le but d’en finir. Mais il se remémore les souvenirs où Billy l’encourageait à vivre et décide finalement de ne pas se tuer. Pour un personnage hanté par le suicide tout au long du film, il lui fallait une scène comme celle là. Je me doutais que vers la fin, Jake allait essayé de se suicider. J’espérais seulement qu’il ne réussisse pas ou qu’il change d’idée. Mes souhaits ont été exaucés. Ce passage m’a vraiment touchée. 

Quand Rae prend son courage à deux mains et abandonne définitivement son beau-père, ce dernier se tire une balle. La mise en scène est brillamment exécutée. On ne voit qu’un flash de lumière par la fenêtre et on entend le coup de feu qui résonne dans la nuit. Ça en montre peu mais ça dit tout. On pourrait croire qu’il s’agit d’un ajout inutile dans l’histoire car ce suicide n’apporte rien pour la suite, mais au contraire, je trouve que ça fait un excellent parallèle avec Jake. Tout au long du film, Hal se fait passer pour une bonne personne, pour une figure paternelle qui se soucie du bien de Rae. Alors qu’en réalité, il a abusé d’elle. Au contraire, Jake, lui, est un gentil garçon mais qui fait de mauvais choix par la mauvaise influence de Billy, et lui se soucie réellement du bien être de Rae. À la fin, Hal finit mort par suicide, et Jake, malgré qu’il soit suicidaire, finit par s’accrocher à la vie. Les deux personnages ont eu ce qu’ils méritaient.

Même si au moment où le film se termine, on est un peu laissé sur notre faim, on sait au moins que Billy est mort, que Jake choisit de vivre, et que Rae est enfin libre et bien accompagnée.

(Je ne spoile plus à partir d’ici)
Donc comme je viens de le dire, on est un peu laissé sur notre faim. Mais je trouve que ne pas avoir d’épilogue clair reste dans la continuité du film. Ça reste fidèle à la précarité du mode de vie de ces jeunes dont on a été témoin durant tout le film. Montrer un épilogue où ils ont une vie bien rangée contredirait cette ambiance. La fin nous montre l’essentiel à savoir sur chacun. Pour le reste, on est libre d’imaginer la suite de leur vie. 

9/10