Critique : #SansTabou 1 Être ado

 


Titre : #SansTabou 1 Être ado

Auteur(e)s : Ariane Charland  Emilie Turgeon  Fannie Therrien  Joanie Touchette

Édition : de Mortagne

Nombre de pages : 360

Résumé :

Tamara – 32C

Être une des plus grandes de mon âge ne m’a jamais dérangée. Et je n’ai pas été traumatisée quand j’ai eu mes premières règles, la veille de mes onze ans. Ce qui me complexe, ce sont mes seins. Ils sont ÉNORMES ! C’est pour ça qu’il y a un peu plus d’un an, j’ai changé de look et adopté le style tomboy. Pour ne rien laisser paraître. Parce que, si les gars de ma classe les remarquent, je suis fichue !

Rosalie – Face de pizza

Des boutons, j’en ai une collection. Je pourrais ouvrir le Musée de l’acné et imposer un tarif d’entrée ! Donc, chaque fois que mes amies se plaignent de leur unique bouton prémenstruel… eh bien… ça me fait suer. Si c’était ma face de pizza qu’elles voyaient dans le miroir, est-ce qu’elles pleureraient, comme je le fais parfois ? Est-ce qu’elles refuseraient de sortir de chez elles comme moi, certains matins ?

Livia – Dans le rouge

Je viens d’avoir mes premières règles, à quatorze ans, en plein cours de français. Je capote ! Je ne peux pas compter sur ma gang de boys pour m’aider… Et encore moins sur mon père, qui m’élève seul depuis que ma mère est partie vivre à des milliers de kilomètres d’ici. Il paraît que c’est la chose la plus normale qui soit, de devenir une femme, mais je ne sais pas quoi faire !

Florence – Toucher le fond

Chaque fois que je me lève, je me demande à quelle version de ma mère je devrai faire face. Hier, c’était à « pantoufles et yeux bouffis ». Parfois, c’est à la « lionne en cage ». Chez ma mère, la dépression prend plusieurs visages, qui exigent tous que je mente à mes proches et marche sur des œufs en permanence. Disons que faire mes devoirs et étudier pour mes examens ne sont plus tellement mes priorités.

Avis :

Je pense que 32C est mon histoire préférée du livre. J’ai vraiment aimé l’ambiance, la dynamique, la personnalité de la protagoniste. Je l’ai mentionné dans ma critique du film Monsieur Lazhar, j’adore les histoires qui se déroulent dans les classes de sixième année. Donc d’emblée, 32C a su m’accrocher avec une atmosphère qui fait toujours son petit effet sur moi. Pour ce qui est du sujet principal, on ressent bien le complexe de Tamara en ce qui concerne sa grosse poitrine. D’autant plus qu’elle est jeune, ce n’est qu’une enfant. Un tel changement sur son corps, c’est perturbant à cet âge. Ça nous fait encore plus compatir pour elle. Par contre, je me serais attendu à ce que ça aborde également les problèmes physiques que ça peut causer, comme des problèmes de dos. Je ne sais pas ce que ça fait d’avoir de gros seins mais j’imagine que ça doit être lourd à porter, surtout pour une jeune fille de douze ans. Je crois que ça aurait été pertinent de le mentionner dans cette histoire. Ceci dit, la problématique autour de l’apparence et des complexes est très bien abordée.

Face de pizza aborde également les complexes liés à l’apparence mais d’une toute autre manière. Ça fait du bien de lire une histoire sur l’acné. Ce n’est pas une caractéristique qu’on voit souvent dans les fictions pour adolescents. Alors que pourtant, les boutons font partie prenante de la vie des adolescents. Cette histoire est une bouffée de fraîcheur. Le sujet est bien exploité. Les complexes sont très présents dès le départ. Rosalie angoisse à l’idée de faire un exposé oral, de peur qu’on rit de son acné. J’ai adoré le passage qui suit où son père la rassure, lui rappelant ses qualités et les probabilités assez faibles qu’on se moque d’elle. Le seul détail qui me dérange c’est quand il veut la rassurer en lui affirmant : « Tu n’es pas bizarre, comme ces jeunes qui jouent à Donjons et Dragons avec des costumes et des armes en mousse » (p. 117). C’est une insulte assez gratuite. En plus qu’il mélange les joueurs de Donjons et Dragons et les joueurs de Grandeur Nature. Ce n’est pas la même chose. Ça montre bien qu’il n’a aucune idée de quoi il parle. Il n’avait pas besoin de dénigrer deux communautés complètes pour redonner confiance en sa fille.
Petite parenthèse, si vous voulez un film qui représente avec justesse les joueurs de Grandeur Nature, je vous conseille Role Models. Voici le lien vers ma critique : https://corinnelj.blogspot.com/2022/09/role-models-des-gars-modeles.html

Le sujet est bien abordé dans tous ses aspects, les complexes, les solutions possibles, les traitements et même leurs effets secondaires. Le tout à travers le personnage de Rosalie qui est mignonne et attachante.

J’adore que Dans le rouge présente une protagoniste qui se tient avec une bande de garçons. En premier lieu, ça donne une bonne dynamique amicale rafraîchissante qu’on a pas l’habitude de voir. Mais surtout, ça rend l’enjeu des menstruations encore plus prenant. Mettre beaucoup de personnages masculins dans un récit qui traite de ce sujet, c’est judicieux. J’ai tout de même un petit problème, je trouve que ça devient un peu trop dramatique par moments. Comme si les mensurations étaient à ce point tabous et épouvantables. C’est peut-être moi qui vit dans un monde déconnecté mais quand j’ai eu mes premières règles, je ne me suis jamais empêchée d’en parler haut et fort. Les menstruations est quelque chose d’hyper commun, qui arrive à la moitié de la population plusieurs jours par mois. Personnellement, j’aurais préféré une histoire qui aborde ce thème de manière bien plus décomplexée, question de montrer qu’il n’y a rien là. À la place, l’histoire en fait beaucoup. Il n’y a qu’un seul personnage masculin qui ne présente aucun malaise face aux règles de Livia et ça s’explique par le fait qu’il est amoureux d’elle. Comme si c’était le seul moyen pour qu’un homme ne soit pas perturbé par ce phénomène. C’est assez réducteur, je trouve. Même le père devient hyper émotif quand il l’apprend. Livia se dit qu’elle doit garder le secret, qu’elle ne peut pas lui dire. Bordel, c’est son seul parent présent. Quel genre de père est-il si sa fille ressent le besoin de cacher quelque chose d’aussi important et NATUREL? J’aurais aimé qu’au moment où elle lui apprend, qu’il soit tout à fait à l’aise. Ça aurait montré que les hommes peuvent réagir normalement face à ce sujet. J’ai trouvé que cette histoire dépeignait trop les menstruations comme quelque chose de gros, de perturbant et de choquant. Je sais que c’est ce que ça dénonce et que le but est de défaire ces idées, mais dépeindre plus de personnages masculins ouverts d’esprit aurait été plus à propos, je trouve.

Livia a ses premières règles à quatorze ans et le livre appuie à plusieurs reprises que c’est tardif. J’ai été quelque peu insulté par cette touche puisque j’ai eu mes premières règles à quinze/seize ans. Quelle image ça donne aux filles comme moi? Des filles hyper tardives? Ça manquait un peu de tact.

L’histoire est longue et prend le temps d’aborder son sujet dans tous ses aspects et détails. On parle des douleurs aux ventres, les différents types de protection hygiéniques… J’ai adoré que Livia devienne amie avec la grande sœur de son ami. Elle est d’une grande aide et de bons conseils. Leurs personnalités différentes apportent une belle complémentarité entre les deux jeunes femmes.

Le passage dans le vestiaire à la fin, je l’ai trouvé un peu trop show off, surtout à cause du baiser. Ceux qui se donnent en spectacle, ça m’agace. Somme toute, ça se termine sur une jeune fille forte qui assume ce qu’elle est. Ça colle bien avec le personnage, comment elle a été instauré au début et qu’elle continue d’être forte et pleine d’assurance avec son corps de femme qui se transforme.

Toucher le fond, c’est le plus fort en émotions. J’aime le fait que les personnages ne comprennent qu’à la fin que la mère souffre de dépression. Tout au long de l’histoire, la situation est pesante pour Florence. L’état de sa mère est inquiétant, mais elle ne saurait dire ce qui en est la cause. Le sujet est abordé avec réalisme car en effet, quand une dépression se pointe, elle arrive progressivement et on ne peut savoir de quoi il s’agit au début. C’est très bien instauré. Il y a des scènes vraiment puissantes. Une en particulier entre la mère et la fille est très poignante. Cette histoire montre parfaitement que la dépression affecte autant l’entourage que la personne atteinte. Surtout pour une adolescente, c’est dur à porter. Ça va un peu vite par contre. J’aurais étalé l’histoire sur plusieurs mois, montré le cheminement de la mère. Malgré tout, pour une histoire qui se déroule en seulement quelque jours tout en abordant un sujet aussi poignant, c’est très bien fait. 

#SansTabous 1 dresse quelques réalités bien communes chez les préadolescentes. Je conseille ce roman a toutes les jeunes filles.

 

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